Par Louisanne Lethiecq

« La balade de Petite Poule » est une œuvre magnifique, de la première à la quatrième de couverture. Idéale pour amorcer le thème de Pâques (et des poules..).

Aucun détail ne semble avoir été laissé au hasard. Même la dédicace de l’œuvre est intéressante, car elle s’adresse justement à Petite Poule et à tous ses amis à plumes. À travers un texte rythmé et des illustrations d’une grande beauté, l’auteure-illustratrice nous guide dans son univers qui émeut et fait sourire.

La poule est un personnage stéréotypé de la littérature jeunesse. Souvent représentée comme la victime (La soupe au caillou d’Anaïs Vaugelade, La poule et le renard de La Fontaine) et elle parfois dépeinte comme étant très rusée (La petite poule rousse : version « caillou » d’après Sara Cone Bryant et version « gâteau » de Pierre Delye). Dans cet album, la petite poule noire est casanière, routinière et douillette. Contrairement à d’autres œuvres de littérature jeunesse, aucun prédateur ne souhaite la dévorer ou profiter de sa générosité.

Les illustrations à elles seules valent le détour. Majoritairement réalisées à l’aquarelle, elles incluent également le pastel gras et le collage d’éléments photographiés. Les couleurs froides ou neutres sont prédominantes dans cette œuvre, à l’exception de quelques éléments. De plus, le crayon de plomb ajoute une impression de mouvement aux personnages et de la profondeur à certains objets.

La latéralité semble être un élément caractéristique de cet album. En effet, l’alternance entre la ligne verticale et la ligne horizontale est présente tout au long de cette œuvre. Déjà, à la page 3 , le plan de la rue à plat donne un avant-goût de l’importance de cette dimension. Aussi, les clôtures des autres maisons, le train, la clôture de bois de sa maison et la rue attirent le regard du lecteur vers la l’aspect horizontal des illustrations. À l’inverse, la présence des arbres, des gratte-ciel, des lampadaires, des passants et des poteaux de signalisation témoignent de la composante verticale des illustrations. Ce souque à la corde visuel est des plus rafraichissants.

Le texte est court et les phrases sont simples. L’aspect le plus important du texte est probablement le rythme. En effet, les phrases sont courtes et parfois segmentées. Elles s’enchaînent de manière rythmée. En outre, un silence à la double-page sans texte 12-13 permet au lecteur de découvrir le visage de la ville, sans les contraintes du texte. De plus, le texte et l’image collaborent, ce qui ne créé pas de bris de compréhension chez le lecteur.

L’évolution entre les pages de garde initiales et les pages de garde finales est digne d’intérêt. En effet, dans les pages de garde initiales, on voit Petite Poule, sagement posée sur sa maison. Par opposition, les pages de garde finales montrent Petite Poule qui se dirige en ville à bord d’un train. Dans ce détail du paratexte, le lecteur perçoit bien l’évolution du personnage principal; de casanière à aventurière.

Pour télécharger la lecture interactive de l’album : Carnet_littéraire_Petite_Poule

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CC  Un article de Louisanne Lethiecq