Par Julie Robert

Comme enseignante, je trouve important de sensibiliser mes élèves, petits ou grands, à ce qui se passe dans l’actualité. Bien entendu, si j’enseigne au 1er cycle versus au 3e cycle, je n’aborderai pas l’actualité de la même façon. Tout de même, j’ai discuté longtemps des migrants avec mes élèves.  Chacun de mes élèves a été touché profondément par ces discussions.

Les sans-pays rament et rament. Loin et longtemps.  Ils rament et rament. Longtemps et loin. (Extrait de l’album)

Et nous, pendant ce temps, que faisons-nous? Y a-t-il de la place chez nous? 

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© Andrée Poulin et Enzo Lord Mariano « Y’a pas de place chez nous », Éditions Québec Amérique.*

Un peu plus d’une année s’est maintenant écoulée depuis que les médias ont publié la photo d’un bambin mort noyé, le jeune Syrien Alan Kurdi qui fuyait la guerre avec ses parents. Cette photo avait alors attiré l’attention du monde entier sur cette crise qui faisait rage. Comme la grande majorité d’entre nous, Andrée Poulin a été interpellée par cette photo. Voilà pourquoi elle a décidé d’agir et de parrainer une famille syrienne à l’hiver dernier. Cette aventure et cette immense vague de générosité auront inspiré à l’auteure cet album poignant.

Y’a pas de place chez nous, c’est le récit de Marwan et Tarek, deux frères qui fuient leur pays à cause de la guerre. C’est aussi le récit de milliers de Syriens qui fuient dans l’espoir de trouver une terre d’adoption. Sur la première de couverture de l’album, les magnifiques illustrations d’Enzo Lord Mariano nous saisissent dès le départ. Voilage sur ces enfants, regards perdus, vêtements souillés, nous comprenons dès le premier coup d’oeil la crainte, la misère et, malgré tout, l’espoir qui les habitent.

Avec les élèves, je cacherais le titre de l’album et commencerais par présenter uniquement l’illustration de cette couverture. Je les amènerais ainsi à se plonger dès le départ dans cet incroyable univers pictural créé par Mariano, un univers émouvant, bouleversant. Puis, je questionnerais mon groupe sur le titre possible que l’auteure, Andrée Poulin, a choisi de donner à ce livre. Les élèves seraient amenés à justifier leur proposition. Je dévoilerais finalement le titre, d’une grande force à mon avis, et une discussion s’en suivrait autour de ce dernier. Pourquoi Andrée Poulin a-t-elle choisi ce titre à votre avis? 

Je dévoilerais ensuite la quatrième de couverture sans toutefois en lire le résumé. Nous observerions alors uniquement l’illustration : une jeune main jetant une étoile de mer et une veste de sauvetage.

Les pages de garde seraient également des éléments du paratexte à observer avant d’entamer la lecture. Les pages de garde initiales nous dévoilent des étoiles de mer orangées sur un fond blanc, tandis que les pages de garde finales sont à l’opposé : fond orangé et étoiles blanches. Je prendrais ici le temps de parler avec mes élèves non seulement de la symbolique véhiculée par l’étoile (Pourquoi l’illustrateur met-il à votre avis l’accent sur cette étoile?), mais également de la symbolique de la couleur orange (souvent associée à la communication, couleur porteuse d’optimisme et d’ouverture d’esprit).

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© Andrée Poulin et Enzo Lord Mariano « Y’a pas de place chez nous », Éditions Québec Amérique.*

Finalement, j’entamerais la lecture avec mes élèves. Comme dispositif de lecture, je privilégierais ici une lecture interactive (voir cet article paru, expliquant ce dispositif). Un album coup de coeur pour traiter d’un tel sujet avec clarté et délicatesse tout en faisant des liens avec notre programme d’éthique. :-)

Pistes pédagogiques proposées par l’éditeur

*Extraits diffusés dans l’article avec l’accord de l’auteure et de l’illustrateur.


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