Par Lucie Béchard et Benita Kanozayire

Les journées de la culture auront lieu les 29, 30 septembre et 1er octobre prochain. Dans toutes les régions du Québec, il sera possible de participer à une multitude d’activités gratuites. C’est un organisme indépendant sans but lucratif, Culture pour tous, qui orchestre ces trois journées et qui facilite l’accès à la culture. Quoi de mieux pour promouvoir cet évènement que d’inviter nos élèves à réfléchir sur l’importance de la culture dans la société. Nous vous proposons donc de leur faire la lecture de l’album Si j’étais ministre de la culture, écrit par Carole Fréchette et illustré par Thierry Dedieu, publié aux éditions D’eux.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, un de ses conseillers suppliait Sir Winston Churchill de couper dans le budget des arts pour renforcer l’effort de guerre. Churchill lui répondit : « – Mais alors pourquoi nous battons nous? »

Mise en contexte

Ce texte a été écrit lors de la campagne électorale au Québec en 2014. C’est le Conseil québécois du théâtre qui en a eu l’initiative. Carole Fréchette, auteure et comédienne, nous explique, à la fin du livre, que son intention est « d’attirer l’attention des candidats et des électeurs sur l’importance des enjeux culturels ». C’est suite à la lecture de ce texte que Thierry Dedieu a contacté l’auteure afin d’illustrer ses propos: « Je me devais, en tant qu’auteur de livres pour enfants, de promouvoir sa lecture » rapporte-t-il.

Et si la culture n’existait pas

L’auteure a fait un exercice bien intéressant : s’imaginer un monde sans culture. C’est à travers les pages qu’on découvre un univers où il n’y a ni musique, ni danse, ni spectacle, ni télévision, ni jeux vidéo. C’est d’ailleurs à la lecture de cette double page que les enfants réagiront le plus!

© Carole Fréchette et Thierry Dedieu « Si j’étais ministre de la culture », Éditions D’eux *

En effet, ce sera l’occasion de les faire réfléchir quant à la place que prend la culture dans leur vie. Le texte de Carole Fréchette est court, mais efficace. Thierry Dedieu illustre brillamment, avec le mordant qu’on lui connait, l’absurdité et le vide d’un monde sans arts, sans musique, sans architecture…  Finalement, grâce à ce plaidoyer, on comprend qu’un monde sans culture est un monde sans couleur, sans vie, sans beauté. Cet album coup-de-poing devrait se retrouver entre les mains de bien des politiciens, à notre avis!

La lecture interactive

Nous vous proposons d’utiliser cette œuvre lors d’une lecture interactive destinée  aux élèves de 2e et 3e cycle du primaire. Il sera alors possible de laisser réagir spontanément les élèves, mais aussi d’animer une discussion suscitant la réaction, la réflexion et le jugement critique. Pour télécharger la planification, cliquez sur le lien suivant : Si-jétais-ministre-de-la-culture.

Suite à la lecture de l’album, la réaction des élèves de 6e année fut surprenante. L’un d’entre eux a fait un lien avec la Seconde Guerre mondiale, lorsque le régime nazi faisait des rafles dans les résidences et prenait tous les livres pour les incendier. Lorsqu’on a demandé quelles seraient les conséquences d’un monde sans culture, un élève a répondu : « une augmentation du taux de suicide! » On vous le garantit, l’oeuvre ne laisse personne indifférent.

Autres suggestions

Suite à lecture de ce chef d’œuvre, il serait intéressant de demander aux élèves d’imaginer un monde sans éducation. Évidemment, plusieurs diront que ce serait super si l’école n’existait pas, mais ils devront réfléchir aux conséquences que cela aurait sur le monde. Collectivement, en petits groupes, en dyade ou individuellement, les élèves pourraient écrire un texte qui aurait pour titre « Si j’étais ministre de l’éducation », à la manière de Carole Fréchette.

Par la suite, les élèves pourraient illustrer leur texte en s’inspirant du style de Thierry Dedieu. Ainsi, ils pourraient utiliser le fusain sur une grande feuille de couleur.

Il est aussi intéressant de demander aux élèves d’analyser les illustrations en demandant aux élèves de décrire ce qu’elles leur font ressentir. En effet, elles créent une ambiance qui vient supporter le texte. De plus, l’absence d’arrière-plan et l’utilisation du noir et blanc mettent en valeur les émotions des habitants de ce monde dépourvu de culture.

Afin de pousser encore plus loin la réflexion, vous pourriez explorer avec eux le contexte scolaire dans différentes parties du monde. Il y a quelques temps, un documentaire intitulé «Sur le chemin de l’école» a été diffusé sur les ondes de TV5 et présente la situation d’enfants peu ou pas scolarisés de différents pays. Visionnez la bande-annonce ici. Sachez que certains extraits sont disponibles en ligne si vous faites une recherche rapide sur Google ou YouTube, par exemple, en cliquant ici, vous voyez le quotidien de fillettes provenant des Philippines. Un livre documentaire sur le même sujet est, par ailleurs, aussi disponible aux éditions Milan.

Si vous êtes, vous aussi, fan des albums coup-de-poing, procurez-vous Le grand incendie de Gilles Baum et Barroux, de même que Le caillou de Thierry Dedieu. Le premier  raconte l’histoire d’un sultan qui ordonne la destruction de tous les livres de son royaume, c’est alors qu’un jeune décide de réécrire les pages d’un livre sur les immeubles afin d’éviter de sombrer dans l’oubli. Le second parle d’un pays fictif qui voit son patrimoine menacé par l’arrivée d’un groupe extrémiste qui veut éradiquer l’histoire d’un peuple entier. Il existe aussi La Bibliothécaire de Bassora, qui lui a été écrit par Jeanette Winter. Ce dernier est une histoire vraie, celle de la femme qui a tenté de sauver les quelques 30 000 livres de sa bibliothèque lors de la guerre en Irak.  Les liens entre les oeuvres sont plus qu’évident et seront vite soulevés par vos élèves. Il est à noter que ces lectures sont probablement plus appropriées pour des élèves du 3e cycle.

Finalement, sur le site de l’éditeur, il est également possible d’écouter le récit lu par nul autre que Daniel Pennac en cliquant ici.

Et vous? Que feriez-vous si vous étiez ministre de la culture?

Pour vous procurer les livres dont il est fait mention dans l’article :


* Extrait diffusé dans l’article avec l’accord de l’éditeur.