Un article de Catherine Boissy et Anne-Sophie Charland


En septembre dernier, nous avons eu la chance de rencontrer l’auteur Michel Van Zeveren lors de son passage au CDFDF. Ce qui est génial avec ses rencontres intimistes, c’est que les participants ont la chance de poser des questions directement à l’artiste. Aussi, ça fait de belles anecdotes à raconter à nos élèves par la suite! Voici donc  l’auteur prolifique qui nous en dit plus sur…

Sa petite histoire

Il a étudié jusqu’à l’âge de 18 ans, le parcours classique, sans beaucoup d’intérêt. Il voulait s’ouvrir toutes les portes, puisqu’il ne savait pas ce qu’il désirait faire plus tard. Il décide de partir à New York pour apprendre le dessin animé. Il y fait la découverte de l’oeuvre de Frank Thomas et Ollie Johnston, The illusion of life. C’est à travers cette lecture qu’il réalise qu’il est possible d’avoir des émotions vraies et subtiles dans les dessins.

Dès son retour en Belgique, il s’inscrit à l’École de Recherches Graphiques. Il y rencontre un professeur important, Dominique Maes, auteur-illustrateur chez Pastel. Sa vie l’impressionne. Il se sent interpelé. C’est cet enseignant qui lui fait découvrir la littérature jeunesse à travers les albums: Max et les maximonstres, Les trois brigands, etc.

À la fin de ses études, il décroche un boulot dans une épicerie. Celui-ci lui permettant d’avoir les après-midi libres, il en profite pour parfaire ses techniques de dessin. Il choisit une technique à la gouache, parce qu’elle permet de se reprendre.

Plus tard, il décide de faire de la publicité. L’agence regarde son carnet de dessin et le réfère à Pascal Notet (le vrai nom de Rascal) qui travaille le livre pour enfant. C’est ainsi qu’il rencontre Rascal pour lui proposer ses dessins afin qu’il lui écrive une histoire. Celui-ci lui conseille plutôt d’écrire lui même. Il lui donne le conseil de faire un texte simple pour accompagner ses images simples. Au troisième rendez-vous avec Rascal, ce dernier appel la maison d’édition Pastel pour proposer le livre à l’éditrice. Ce fut le début d’une longue carrière d’auteur-illustrateur pour Michel Van Zeveren.

Crédit photo: École Les Capucines

Son processus de création

Il utilise un carnet de traces pour faire ses recherches. Parfois, il trouve un bout d’histoire dans ses croquis: il la retouche, la revisite, puis lorsqu’il a trouvé son idée cela lui prend environ 2 à 3 semaines pour rédiger et dessiner. Ce qui l’intéresse le plus dans le livre c’est le rythme et la séquence. Selon lui, le fait d’être l’auteur et l’illustrateur de ses oeuvres permet une meilleure symbiose entre le texte et les illustrations. Il a un œil très critique envers son travail, mais l’éditeur est un allié de taille lors de la révision. Il dit même que ce dernier est pratiquement co-auteur de ses albums!

Quelques anecdotes sur ses albums

Ses histoires tombent toujours pile-poil avec sa vie. Lors de l’écriture de l’album Oh! un poisson!, il était, tout comme son personnage, en attente de quelque chose. Lui attendait de pouvoir faire des livres pour enfants. C’est son livre préféré, notamment car il est tout simple.

La porte a été l’album le plus rapide à faire, bien qu’il ait beaucoup de pages. Au départ, c’était une petite famille singes, qui vivaient dans les arbres. Après le rendez-vous chez l’éditrice et une émission à la télé sur l’intimité chez les enfants, il concentre l’écriture de son histoire sur le thème de l’intimité. Sur des grandes feuilles, il fait quelques croquis et écrit le concept en quelques mots. C’est sa salle de bain qu’il dessine. Pour garder l’accent sur l’intimité, faire un album sans texte s’est imposé seul. Il ajoute parfois des scènes ou des pages pour la sensibilité. La petite devant le miroir, le moment où elle se cache, le bisou du papa. Lors de la traduction, les Américains voulaient faire retirer la scène des garçons qui font pipi!

Le titre de départ de Mè keskeussè keu sa?  était La crasse. C’est en fait un jeu auquel il aimait jouer avec sa fille. Dans le livre, le papa trouvait la fillette et faisait semblant qu’elle était une crasse. Il tentait de s’en débarrasser, de la mettre à la poubelle. Finalement, il décide de la modifier pour écrire l’histoire du bouleversement de l’arrivée du tout premier bébé de l’histoire. Il écrit phonétiquement le texte pour le rendre plus amusant et primitif. Psst! Il travaille présentement sur le récit du premier bobo de l’histoire, avec ces mêmes personnages préhistoriques.

Crédit photo: Babelio

Dessine-moi un petit prince est né de son désir de faire un album en inversant les rôles du mouton et du Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry). La trame de fond vient d’une histoire vraie. C’est une de ses amies qui, un jour, a dit à son fils qu’elle dessinait ce que personne ne voyait. Son fils avait alors trouvé ça trop fort! Saviez-vous que le dessin de la fin est réalisé par sa propre fille?

Enfin, ses albums Le voleur de bisous et Deux fantômes au #13 ne sont pas ses oeuvres préférés. Il les referait autrement aujourd’hui.

Son petit dernier : Les Moa moa

Son prochain album est inspiré par une maman qu’il a rencontrée lors d’une séance de dédicaces. Elle faisait dédicacer son album a ses «moa moa», soit ses enfants qui répétaient sans cesse «moi, moi» Il a trouvé que cela ressemblait à des miaulements de chats. Ce qui a permis de créer l’histoire de Suzie et de ses chats. L’équipe d’ELJ a très hâte de le découvrir en librairie!


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