Par Julien Leclerc, enseignant au 3e cycle à l’école Marcel-Vaillancourt (CSDL)

Ils nous voient grandir. Ils nous aiment. Ils nous gâtent. Ils nous racontent des centaines d’histoires…et vient ce jour où ils disparaissent subitement, où ils nous manquent. Un Noël sans mes grands-parents, ce n’est pas pareil…

J’aurais envie de la revoir une dernière fois en haut de ses escaliers sur le boulevard Champlain, m’accueillant chez elle avec le sourire dans les yeux. Je prendrais une dernière Molson Ex bien froide avec lui en regardant les Canadiens disputer un match contre leurs fameux rivaux, les Bruins de Boston. En écrivant cet article, je revêts un tricot de laine que Jacqueline m’a confectionné et j’engouffre une poignée de peanuts comme le faisait Roland.

J’entendrais une dernière fois son rire franc et rassembleur à notre réveil, le matin de Noël, en pyjama ; elle qui offrait à toute la famille un «shooter» d’Amarula…même aux plus jeunes ! Je l’entendrais nous dire à quel point son Viateur serait fier de nous, de qui nous sommes devenus. En écrivant cet article, je remarque que mon goût marqué pour la décoration et mon souci du détail, eh bien, tout ça vient de toi Gabie…

Je vous propose ici deux albums récemment parus aux éditions D²eux et aux éditions Les 400 coups pour ouvrir des discussions en classe sur l’importance qu’ont nos aïeux au sein de nos vies : des œuvres qui illustrent avec amour et tendresse ce lien unique qui nous unit à nos grands-parents. 

Pour bien aborder cette thématique du souvenir, de la relation enfant/grands-parents, voici une appréciation de deux albums coup de cœur, nouveautés incontournables que vous pourrez lire à votre petite communauté de lecteurs:

La planète de grand-père

Sous la plume douce et touchante de Coralie Saudon, on se laisse transporter dans l’univers sens dessus dessous de grand-père qui voit son sac de souvenirs se consumer. Un jeune garçon nous raconte comment il vit cette épreuve et de quelle manière il pourra rejoindre son grand-papa pour entretenir sa mémoire. Les illustrations de Marie Lafrance viennent bercer avec légèreté le monde merveilleux de l’aîné. Une lecture à faire en classe qui saura apporter réflexions et toucher votre public de lecteurs. Saudo nous ouvre la porte sur l’aporie de la démence et sur l’impact émotionnel sur l’entourage qu’entraîne le morcellement des souvenirs.

« – Ce n’est pas de sa faute, me dit Papa, on a tous un sac de souvenirs dans la tête… Et le sac de Grand-Père est usé…Il est vieux et troué…»

• Coralie Saudo

© Coralie Saudo et Marie Lafrance, « La planète de grand-père », Éditions D’Eux.*

Si le monde était… 

Publié aux éditions 400 coups, Si le monde était… nous ouvre une fenêtre sur une relation attendrissante entre une fillette et son grand-père d’origine indienne qui continue de perdurer au-delà de la mort. La jeune fille écrit et dessine encore et encore pour conserver ce lien unique qui les unit à tout jamais. Dans un vieux cahier aux couleurs chaudes naitront des histoires, des rêves et des pensées qui illumineront la petite. Laissez vos élèves profiter du talent incomparable de Joseph Coelho et d’Allison Colpoys en leur offrant une lecture à voix haute avec délicatesse et émotions. Le titre de l’album suscite un sentiment d’espoir et de pérennité des souvenirs que l’on conserve bien précieusement. Une personne que l’on aime ne meurt pas si on continue de penser à elle…elle nous tiendra toujours la main, peu importe notre âge.

«Si le monde était des histoires, je pourrais soigner grand-père juste en écoutant, et en écoutant encore et encore, chaque récit qu’il me raconte.»

• Joseph Coelho

© Joseph Coelho et Allison Colpoys, « Si le monde était… », Éditions Les 400 coups.*

Grands-parents et petits-enfants : une relation précieuse

Au 3^e cycle, dans le programme d’éthique et culture religieuse, il est possible d’expliquer aux élèves comment les différences entre les personnes peuvent être une source d’enrichissement. Nos grands-parents sont des jardins foisonnants de connaissances et d’expériences et ils en ont tant à nous raconter et à nous apprendre.

• Invitez vos élèves à communiquer avec leurs grands-parents ou une personne âgée signifiante pour eux ;
• Offrez-leur des idées de questions spécifiques qui serviront à alimenter une discussion avec leurs aînés afin d’apprendre à connaître davantage leur histoire, leur parcours, le lien qui les unit à ces derniers (20 questions pour faciliter la discussion avec grand-papa et grand-maman);
  
• Faites-leur rédiger des questions d’entrevue, un «procès-verbal», leur réaction face à l’égard des réponses de leurs grands-parents;
• Profitez ensuite d’un moment intime avec eux pour partager leur cueillette d’informations sous forme d’une écriture ou d’une communication orale si vous le souhaitez. Ainsi, les enfants pourraient avoir ce petit «devoir» pendant les Fêtes et revenir avec le sac à souvenirs de leurs grands-parents !

Pour la période des Fêtes qui se fraye un chemin jusqu’à nos portes, c’est le moment idéal de resserrer les liens familiaux et d’établir un contact avec nos ascendants. C’est le temps parfait pour créer des rapprochements, créer des souvenirs.

Au Canada, 747 000 personnes sont atteintes aujourd’hui de la maladie d’Alzheimer ou d’une maladie cognitive. D’ici 15 ans, 1,4 million de personnes en seront atteintes. Trois Canadiens sur quatre connaîtront quelqu’un atteint de cette maladie qui arrache les souvenirs[1]. Bien souvent, ce sont nos grands-parents qui verront leurs plus beaux instants s’effacer…Comme le chante si bien Ingrid St-Pierre, il est important de nouer des ficelles aux souvenirs qui s’étiolent et le jour où ils s’envoleront, en faire des cerfs-volants…

Si vous souhaitez poursuivre les discussions, je vous invite aussi à découvrir Mon grand-père s’efface publié aux éditions Albin Michel Jeunesse et l’album Très Vieux Monsieur aux éditions Rouergue.

PS : Vous êtes de ceux et celles qui organisent un brunch des Fêtes avec vos élèves ? Pourquoi ne pas ouvrir votre porte aux grands-parents lors de ce moment privilégié avec vos élèves ? Ils seront ravis de partager une matinée avec leur descendant et de les voir dans leur quotidien scolaire. Et si jamais le temps vous manque d’ici la période des Fêtes, n’hésitez pas à reprendre l’idée pour la fête de Mères ou la fête des Pères pour rendre hommage aux aînés.

[1] https://www.societealzheimerdequebec.com/comprendre-la-maladie/statistiques/

*Extraits diffusés dans l’article avec l’accord des éditeurs.

Pour vous procurer les livres dont il est fait mention dans l’article, c’est par ici…