par Catherine Boissy 


Avez-vous déjà essayé la lecture partagée? Alors que la lecture à l’unisson d’une œuvre par le groupe en entier est une pratique assez fréquente au préscolaire, elle l’est parfois moins au 1er ou aux cycles supérieurs. Pourtant, la lecture partagée (appelée shared reading chez nos voisins du sud) fait partie intégrante d’un programme de littératie équilibrée. Elle permet aux lecteurs en apprentissage de consolider les acquis en faisant un lien entre les stratégies enseignées et la pratique. Aussi, elle démontre aux élèves l’importance de relire pour mieux comprendre et développe la fluidité chez les lecteurs. Et tout ça en moins de 10 minutes par jour!

Comment ça se déroule?
La lecture partagée se vit sur 4 ou 5 jours. Chaque fois, on relira la même partie du livre, mais avec une visée pédagogique différente. L’extrait choisi peut être un album lu précédemment en lecture à haute voix ou un chapitre du roman que vous lisez en lecture feuilleton, par exemple.

  • 1er jour : Introduction du livre, survol et compréhension des mots difficiles.
  • 2e jour : Vérifier sa compréhension de 3 façons
  • 3e jour : Travail autour du vocabulaire et du langage littéraire
  • 4e jour : S’entrainer à lire avec fluidité
  • 5e jour (optionnel) : Lecture intégrale de l’extrait pour tout mettre en œuvre.

La lecture partagée devrait être un moment apprécié par les élèves. Mettez-y du oumph! Créez votre bulle avec vos élèves. Quel privilège de partager un moment à lire tous ensemble une œuvre que l’on adore, non? Si vous n’avez pas accès à plusieurs exemplaires d’une même œuvre, vous pouvez projeter celle-ci à l’aide d’une caméra-document.

Quelques conseils…

Il importe de choisir un texte juste un peu plus difficile que ce que la majorité de vos lecteurs est capable de lire. Ça peut être un poème tiré d’un recueil, un extrait d’album, une double-page d’un roman ou même un chapitre en entier. Aussi, comme vous êtes le lecteur expert dans votre classe, vous n’avez pas à ralentir votre rythme de lecture. Vous devriez lire le texte comme vous aimeriez que vos élèves le lisent : avec intonation, en lisant par groupe de mots et en respectant la ponctuation.

Avec les petits, vous voudrez possiblement pointer sous chaque mot. Afin de diminuer l’étayage et entrainer les élèves à suivre le texte avec les yeux, vous pourrez éventuellement pointer seulement le début de la ligne ou du paragraphe.

Et chez les plus grands?

Il est totalement possible et souhaitable de vivre une lecture partagée aux 2e et 3e cycle! Vous choisirez quelques pages du roman que vous êtes en train de leur lire ou d’un album où il y a des bris de compréhension. La lecture partagée d’un poème peut être également très intéressante, notamment pour travailler la compréhension du vocabulaire et des figures de style. Et si vous adaptiez la formule pour y travailler la réaction ou l’interprétation en cours de route?

La planification d’une lecture partagée

Si vous travaillez avec les ateliers de lecture, sachez qu’il y a toujours une lecture partagée planifiée à la fin d’un module. Cela peut vous aider à l’essayer une première fois! Sinon, voici à quoi pourrait ressembler une lecture partagée à partir du roman Le bonhomme Sept-Heures existe! de Mireille Villeneuve.

Jour 1 : «Lecteurs, observons ensemble la première de couverture du livre Le bonhomme Sept-Heures existe! écrit par Mireille Villeneuve. Connaissez-vous la légende du bonhomme Sept-Heures? Rappelez-vous, il est important de lire le résumé sur la 4e de couverture pour préparer notre tête à lire. Lisons-le ensemble.»

Invitez vos élèves à prédire le problème dans ce roman en se tournant vers leur partenaire de lecture. Puis, lisez à l’unisson les premières pages (p. 7 à 10). Préalablement, vous aurez caché 3 à 5 mots plus difficiles pour que les lecteurs utilisent leurs stratégies de dépannage.

Jour 2 : Faites un survol des premières pages lues la veille pour rafraichir la mémoire des lecteurs. À haute voix, vous direz : «Ah oui, là c’est quand sa petite sœur va se coucher. Et ici c’est quand la cousine frotte la lampe pour raconter une histoire effrayante…»

Relisez à l’unisson les pages de la veille avec les mots cachés. Cette fois, pour que les élèves soient plus autonomes, ils travailleront avec leur partenaire. « Peux-tu prouver de 3 façons que le mot couvert est bien villageois? Explique à ton partenaire les preuves que tu as. » (Est-ce que ça a du sens? Est-ce que ça sonne bien? Est-ce que ça correspond aux lettres?)

Jour 3 : Cette fois, vous choisirez de vous arrêter sur quelques éléments du langage littéraire utilisé par l’auteur qui pourraient causer un bris de compréhension. Avec mes élèves de 2e année, les expressions molles comme du chiffon et au coeur de pourraient être explicitées, tout comme les mots halo bleuté. C’est le moment de ressortir notre tableau d’ancrage rappelant les stratégies de compréhension!

Jour 4: Pour cette quatrième lecture, on vise le développement de la fluidité. La fluidité implique de lire par groupe de mots, de lire à une bonne vitesse et d’utiliser les indices prosodiques comme la typographie et la ponctuation. Par moment, à la manière d’un chanteur rock qui laisse la foule chanter en concert, vous laisserez les élèves lire seuls une partie du texte. Avant de commencer cette relecture, invitez les lecteurs à remarquer les endroits où ils devront changer de voix pour correspondre à l’ambiance ou encore pour parler comme les personnages!


Pour vous procurer l’oeuvre dont il est fait mention…