Par Émilie Furlotte

La collection de poésie qu’offre la courte échelle m’était restée inconnue jusqu’à la parution des deux recueils de poésie Perruche et Peigner le feu. Peut-être parce que Perruche est le premier des 11 titres publiés à cibler un public plus jeune : dès 9 ans selon la maison d’édition. Peigner le feu vise plutôt un public de onze et plus.

Quelle belle idée: offrir de la poésie moderne et touchante pour un public jeunesse! Une poésie jeunesse qui sort des thèmes de l’amour et de l’amitié pour toucher des zones plus sombres : l’anxiété, le deuil, la quête de sens, d’identité. Que d’émotions vécues en parcourant ces magnifiques propositions littéraires!

Perruche

Virginie Beauregard D. parvient ici à dépeindre avec justesse et sensibilité l’univers des enfants. À travers le deuil de Cœur-Coquin la perruche, nous entrons à pas feutrés dans le cœur d’un jeune garçon.

Ce prétexte de l’évasion du volatile, nous permet d’aborder les thèmes de la solitude, des chicanes entre les parents, de l’ennui. Sujets touchants et universels vus à travers le quotidien d’un enfant.

«les mots fendent l’air entre mes parents

ils se prennent pour des lanceurs de couteaux

des cirques de l’ancien temps

les couteaux volent parfois mieux que les oiseaux.»

p.39

La quête de sens de cet enfant solitaire et triste ne laissera pas le lecteur indifférent. La richesse du texte et ses images évocatrices permettent d’explorer l’univers de la poésie.

Un recueil à mettre entre les mains de nos enfants, à lire et à relire afin d’en saisir toutes les subtilités.

 

Peigner le feu

«Mon casier me connaît par cœur

Chaque fois que je l’ouvre

J’ai les yeux fermés

Je prends les bons cartables les yeux fermés

J’aimerais que la vie soit un petit casier

Où tout le monde pourrait se parler les yeux fermés.»

p.37

 

Dans Peigner le feu, c’est à travers ces petits morceaux du quotidien que Jean-Christophe Réhel nous fait quant à lui entrer dans l’univers d’un ado anxieux arrivant sur les bancs de l’école secondaire. L’entrée (tant redoutée) au secondaire nous est dépeinte avec tout son lot de tracas : gestion du fameux cadenas, adaptation à plusieurs enseignants, moqueries des autres, trajets de bus…

«À bout de bras

Je m’accroche aux lianes

De toutes les enseignantes

J’oublie vite ce que j’apprends

Je me balance aux lianes

De toutes les voix.»

p.19

 

Tous se reconnaîtront dans ces inquiétudes typiques de cette grande étape scolaire et humaine qu’est le passage au secondaire.

Et pour nos jeunes qui n’y sont pas encore, ce sont des poèmes magnifiques à explorer avec eux. Une belle ouverture pour échanger, s’ouvrir aux autres et atténuer certaines peurs.


Pour vous procurer les livres dont il est fait mention dans l’article…