par Alexandra Hontoy


Depuis plusieurs années maintenant, je pilote des lectures interactives avec mes élèves. Ce dispositif s’est tout de suite montré révélateur pour moi puisque je peux sentir rapidement l’engagement des élèves face au livre lu et je remarque à chaque fois d’énormes progrès en lien avec les quatre dimensions de la lecture. Les élèves sont immédiatement plus actifs, plus investis dans la lecture. J’adopte maintenant le rôle de conseillère pédagogique au sein de ma commission scolaire, ce qui m’amène à expliquer et à modéliser plusieurs fois par mois (voire par semaine) ce dispositif. Dans cet article, je démêle le vrai du faux en ce qui concerne ce dispositif si puissant, mais complexe.

Qu’est-ce que la lecture interactive?

  • Une lecture en grand groupe, où tous les élèves sont rassemblés près de l’oeuvre (l’accessibilité aux illustrations est TRÈS importante).
  • L’enseignante planifie des questions en lien avec les quatre dimensions de la lecture. Elle a lu plusieurs fois l’oeuvre avant de la lire aux élèves.
  • Après un survol des pages de couverture, une intention de lecture est bâtie AVEC les élèves.
  • Les questions sont toujours posées en entonnoir (question large puis de plus en plus spécifique).
  • Les regroupements des élèves pour répondre aux questions VARIENT pour permettre des INTERACTIONS. C’est le nerf de la lecture interactive: les élèves, guidés par leur enseignante, construisent le SENS de l’œuvre par leurs ÉCHANGES et leurs discussions.
  • L’enseignante adopte une POSTURE de facilitatrice: on guide les élèves sans imposer notre vision de l’œuvre.
  • Tous les livres ne se prêtent pas à une lecture interactive. Le livre choisi doit être une œuvre résistante pour l’ensemble du groupe, c’est-à-dire une œuvre que vos élèves ne pourraient pas lire sans être accompagnés.

Lors de ce dispositif, comme le but est de créer des interactions autour de l’œuvre résistante choisie, il demeure primordial de permettre ces interactions en étant plus flexible sur le niveau de bruit dans la classe (il est évident que 25 élèves qui discutent en même temps feront du bruit) et d’augmenter son niveau de tolérance face aux déplacements et aux interruptions pendant la lecture. Plutôt que de refuser qu’un élève nous interrompe (bien sûr, selon un certain degré de pertinence), on accueille la réflexion de l’élève. Parfois, sa question ou son commentaire fera avancer le reste du groupe en lien avec la quête de sens. Un élève veut nous montrer quelque chose qu’il a remarqué dans les illustrations? On l’invite à venir le faire devant tous les élèves.

Une lecture interactive réussie, c’est lorsque les élèves sont en ébullition devant l’œuvre, qu’ils sont intensément engagés dans la quête de sens. Des élèves engagés vont donc parler, se lever, se questionner, questionner leurs camarades à gauche puis les autres derrière eux. Non seulement ces interactions sont normales, elles sont souhaitées et doivent être bien accueillies de la part de l’enseignante.

Ce que la lecture interactive n’est pas:

  • Un questionnaire écrit ou à l’oral.
  • Une recherche de morale: trop souvent, on se sert d’œuvres résistantes pour enseigner une morale aux élèves (ex: ne pas intimider ses camarades). Ce n’est malheureusement pas le but de ce dispositif.
  • Une lecture sans questions avant, pendant ou après la lecture. Vous tombez sur une planification où il n’y a pas de questions avant, pendant et après la lecture? Cette planification mérite d’être revue.
  • Une lecture à voix haute où les élèves doivent rester en silence.

Nous vous proposons sur le blogue plusieurs planifications. Bien sûr, elles peuvent vous servir de guide, surtout pour débuter cette pratique.

Pour accéder aux lectures interactives au 1er cycle

Pour accéder aux lectures interactives au 2e cycle

Pour accéder aux lectures interactives au 3e cycle


Pour en savoir plus sur la lecture interactive, je vous suggère également cet article.