Par Julien Leclerc (et approuvé par l’équipe ELJ!)


Pourquoi acheter dans des librairies indépendantes ?

Bien des gens se plaisent à sillonner les allées de magasins spécialisés dans la grande distribution de temps à autre. Peut-être le faites vous vous aussi! Moi-même je réponds «coupable» à cette pratique. Devrais-je me sentir mal? Un peu. Suis-je une mauvaise personne pour autant? Je ne crois pas. Pourtant, quand vient le temps de me procurer un livre, je priorise toujours ma librairie indépendante. Il demeure toutefois que d’acheter un livre, pour soi-même, pour un proche, pour ses élèves, demeure un acte notable et nécessaire. Dans les lignes qui suivent, vous trouverez un paquet de raisons qui me pousse à encourager les commerces locaux.

Comparons ici nos librairies indépendantes avec nos petites et moyennes entreprises locales qui trouvent pignon sur rue dans notre quartier. Entrer dans une librairie indépendante me fait le même effet que de fouler le pas de la porte de la boulangerie du coin. L’odeur des livres m’apporte autant d’endorphines que les effluves d’une baguette craquante sortant du four à pain. En entrant dans une librairie indépendante, on vit une expérience de service à la clientèle personnalisé et hors du commun qu’on ne peut retrouver chez les grossistes. Les libraires, pour moi, pratiquent un des métiers les plus nobles que je connaisse. Ils servent d’entremetteurs, de passeurs de culture afin de créer entre le lecteur et son livre, la «date» parfaite, le début d’une relation intime. Pour un libraire, un «vrai» libraire, une des tâches principales revient à offrir un accueil chaleureux aux clients locaux et développer une relation avec ces derniers. Bien souvent, notre libraire sait quoi nous conseiller, sait répondre à nos besoins, sait nous recommander la nouveauté ou le coup de cœur qui nous enchantera. Beaucoup de lecteurs connaissent même l’horaire de travail de leur «libraire associé» afin de se présenter seulement lorsqu’il y est. Tout comme un stagiaire a besoin d’un maître associé, tout enseignant devrait aussi avoir un «libraire associé»!

©Crédit photo: Librairie Monet (Montréal)

Tous ceux et celles qui sont passionnés de littérature et qui fréquentent les librairies indépendantes connaissent ce sentiment, celui de se sentir chez soi. Entouré de milliers de livres, on est seul à les contempler, mais pourtant entouré d’inconnus à la recherche de bestsellers, de trésors cachés, d’un cadeau d’anniversaire, du livre qui changera leur vie peut-être. On peut serpenter les différents départements, faire des découvertes, traînasser dans les fauteuils mis à notre disposition. Personne n’entre ici pour se procurer un tas de babioles inutiles présent près du comptoir-caisse.

Vous cherchez un livre depuis longtemps? Sachez que vos librairies indépendantes offrent bien souvent de réaliser des «commandes spéciales»! Sur leurs tablettes, vous trouverez de tout. Oui, vos nouveautés préférées y seront certainement exposées, mais vos petits bijoux rarissimes aussi peuvent s’y cacher contrairement aux magasins à grande surface qui n’offrent que des livres encensés par la critique, des nouveautés, des gros vendeurs éphémères et parfois des classiques. C’est d’ailleurs en grappillant au travers des différents rayons que l’on découvre ces « livres de fond » (livres qui sont parus depuis au moins 18 mois). Disons que je préfère contempler les différents présentoirs de ma librairie, sa salle d’exposition et les suggestions de ses libraires*  plutôt que d’être confronté aux murs désolants et aux tables pêle-mêle des grossistes.

©Crédit photo: Librairie Monet – salle d’exposition (Montréal)

*(certains auront deviné mon amour pour MA librairie Monet!)

Qu’est-ce qu’une librairie indépendante?

Comme nous le définissait Marie-Claude Masse dans un article publié en 2015 dans La Tribune : « une librairie indépendante ne doit faire partie ni d’une chaîne ni d’un groupe commercial et elle doit compter généralement pas plus de cinq points de vente. En théorie, son mandat s’articule autour de trois grands axes : la proximité, la diversité et le service». Et comme Katherine Fafard, directrice générale de l’Association des libraires du Québec, l’expliquait à la journaliste : «Les librairies indépendantes sont de véritables lieux de promotion de la lecture. Leurs libraires, des gens passionnés et qui sont là pour le plaisir, ne sont pas des vendeurs, mais des conseillers avisés».

©Crédit photo: Librairie Pantoute (Québec)

Saviez-vous qu’au Québec, de 2009 à 2013, selon l’Observatoire de la culture et des communications, les ventes de livres en librairies indépendantes ont reculé de plus de 20%, car plusieurs se tournent vers les géants qui offrent des prix moindres. De multiples librairies mettent la clé dans la porte pour cette raison. En tant que membres d’une communauté littéraire, ne devrions-nous pas encourager nos librairies de quartier si vivantes plutôt que de laisser tout l’espace aux chaînes et aux magasins non-spécialisés qui offrent peu de choix? Quand on pense aux redevances faméliques que reçoivent nos auteurs d’ici (sans compter la quote-part de l’illustrateur), il serait bien de faire l’effort, ensemble, d’aller à la recherche de ses «livres de fond» présents dans nos librairies indépendantes et qui valent la peine d’être découverts.


©Crédit photo: Librairie de Verdun (Montréal) – Atelier Zebulon Perron

En ces temps difficiles pour l’industrie littéraire et ses artisans, la moindre des choses seraient de les remercier d’être aussi ouverts et généreux en offrant des heures du conte, des ateliers d’arts, des libérations de droits temporaires, des lectures via les différentes plateformes de réseaux sociaux. Oui, dernièrement, nous vous permettons de faire de magnifiques découvertes journalières, mais derrière chaque album, chaque roman, se trouve des artistes qui méritent qu’on reconnaisse adéquatement leur travail.

Enfin, ne voyez pas l’initiative des Éphémères ELJ comme une façon simple de consommer de la littérature gratuitement, mais bien comme une façon de découvrir des œuvres et d’encourager ensuite les artistes qui travaillent durement pour vous offrir des livres de qualité en passant vos commandes sur www.leslibraires.ca. De plus, en encourageant une librairie indépendante, on permet aux plus petites maisons d’édition de rester dans la cour des grands et de survivre, et aux petits trésors artistiques inestimables de trouver une place dans votre bibliothèque.

Lorsque vous en serez rendus à dépenser ce qui vous reste de votre budget de classe pour faire des achats de livres et que votre commission scolaire (centre de services) vous le permet, pensez aux librairies indépendantes de votre secteur!

D’ici la réouverture ces dernières, visitez le site web: www.leslibraires.ca afin de connaitre votre librairie de quartier et d’y faire vos commandes en ligne!

Pour connaître VOTRE librairie de quartier, entrez votre adresse ici: https://www.leslibraires.ca/nos-librairies/

**Et si vous le pouvez…soutenez cette cause: Aide tes libraires

« Aide tes libraires est une initiative de Jean-Christophe Réhel, Michèle Nicole Provencher, Myriam Comtois, Hélène Bughin et Catherine Ocelot. C’est un cri du cœur. Un cri du cœur un peu tout croche. Un cri du cœur fait dans l’agitation. Un cri du cœur pour dire à nos libraires que nous serons toujours là pour eux. »

©Dessin : Catherine Ocelot