par Benita Kanozayire


Dans les présentes circonstances, on cherche désespérément à reconnecter avec nos valeurs pédagogiques, comme nous l’avons soulevé dans l’article intitulé Et si on enseignait de vraies habitudes de lecteurs… même à distance. Notre message, on le clame haut et fort:

Notre mission est d’instaurer et de maintenir des habitudes de lecture qui défieront le temps, qui feront de nos élèves des lecteurs pour la vie.

On cherche à (re)créer le sentiment de communauté de lecteurs: celui que nous avons tenté d’instaurer dans nos classes, à la sueur de nos fronts, avec énergie, vigueur et bouts de ficelle. Car nos connaissons l’impact que la communauté a sur la motivation à lire. Mes précieuses collègues du blogue en ont parlé abondamment par le passé:

Alexandra nous le rappelle, à chaque début d’année dans cet article. Amélie et ses clubs incontournables auprès de ses grands.  Lucie a même renchérit avec une initiative en mode Covid, de par la plus récente capsule de la série Bonjour les lecteurs cherchant ainsi à briser l’isolement et redonner un souffle aux échanges auprès de son groupe.

Puisqu’on tente d’incarner des modèles auprès de nos élèves, Annie a même instigué un club de lecture qui ne cesse de gagner en popularité sur son compte Instagram. Même moi, qui n’a pas tendance à suivre nécessairement les tendances quelles qu’elles soient, je me suis laissée prendre au jeu. Je prends désormais part au #clubdelectureavecmmeannie en compagnie de centaines de membres. Mon objectif: imiter son initiative avec les membres de mon groupe-classe, du moins pour les quelques semaines qui précéderont le retour en classe.

Force est d’admettre que cette envie de créer une communauté de lecteurs et de lectrices est ancrée dans notre équipe. Et fort probablement chez vous aussi.

Reconnecter avec les autres et avec soi-même

Nos moyens de communication ont muté vers une connexion virtuelle, mais une connexion néanmoins. J’ignore comment cela s’incarne pour vous mais, de mon côté, je n’ai jamais été aussi près de mon monde, même à distance. Cela entraîne aussi des échanges plus en profondeur, où l’on prend la peine de se suggérer des recettes, des balados, des découvertes musicales et, évidemment, de nouvelles lectures. En échangeant sur nos lectures, j’ai reconnecté avec la lecture pour moi, sans intention pédagogique, et ça me procure un bien immense. Je reconnecte avec la lectrice que j’étais, enfant, ado, jeune adulte, bref, la lectrice de mon époque pré-enseignement. Et c’est en reconnectant avec celle-ci que je redécouvre ce qui me fait vibrer et ce qui me laisse sur ma faim. Ça m’a donc donné envie de relayer cette découverte de soi avec les élèves.

Bonjour les lecteurs: connais-tu ton profil? 

De là est née ma contribution à la série de capsules vidéo signées ELJ. De la même façon qu’on sonde nos élèves sur leurs goûts, les habitudes et attitudes en lecture en septembre, pourquoi pas revenir à la source, même en temps de confinement? Se servir de ce temps de recul pour se connaitre en tant que lecteur et lectrice, à partir de notre bagage, de nos préférences passées et nos envies actuelles.

En revisitant l’excellent article de Catherine Comment trouver le bon livre pour chaque lecteur, j’ai repris la classification de Sarricks sur les genres littéraires et j’ai eu envie que les élèves cernent leurs préférences non pas par les genres littéraires classiques, mais plutôt par profil.

 

Et ce profil va au-delà du format de l’ouvrage (bd, romans, albums, …) : il s’incarne dans l’identité du lecteur. Il laisse une trace de par son passage, un peu comme le fait un voyage qui s’inscrit dans son passeport, mais aussi à l’intérieur de soi. J’ai la conviction que nos expériences de lecture laissent des marques chez chacun de nous et que celles-ci nous aident à forger notre identité. Et forcément, ces traces finissent par faire leur chemin vers nos élèves qui, espérons-le, vivront des expériences riches et authentiques autour des livres.

Dans la plus récente capsule de la série, je reprends donc la classification de Sarricks afin d’amener l’enfant (et son enseignant.e!!) à connaitre la notion de profil, mais également à faire les constats suivants:

  • nos goûts littéraires ne s’arrêtent pas uniquement aux formats classiques (« moi j’aime les bédés, mais je n’aime pas les romans »);
  • il est possible de posséder déjà un profil, peu importe son âge et sa culture littéraire
  • on peut très bien s’identifier à plus d’un profil en même temps
  • un seul et même livre peut correspondre à plusieurs profils (ex. Pax et le petit soldat, un de mes coups de coeur à vie, en est un excellent exemple)
  • un profil de lecteur évolue avec le temps
  • il est parfois nécessaire de lire des livres qu’on n’aime pas : cela nous aide même à forger son identité;
  • en observant sa pile à lire et les entrées de son journal de lecteur, il est possible de dégager son profil de lecteur, et ce, même en confinement.
  • une fois qu’on identifie son (ses) profil(s), il est plus facile de se choisir des partenaire de club de lecture et d’enrichir les échanges

Je vous invite donc à visionner la dernière capsule en cliquant sur l’image ci-dessous et à vous en inspirer lors de vos prochains échanges avec votre communauté de lecteurs/lectrices, qu’ils soient vos élèves, vos collègues ou vos proches.

Et n’oubliez pas de vous abonner à notre chaine YouTube  afin de ne rien manquer de nos futures capsules.