par l’équipe ELJ


En juin dernier, Benita et Annie publiaient un article pour parler de l’éducation à l’anti-racisme à adopter en classe et dans sa vie citoyenne. Déjà, elles soulevaient le manque de représentativité culturelle au sein de la littérature jeunesse, notamment dans les œuvres publiées ici, au Québec. Ce n’est que quelques semaines plus tard, dans un article paru dans La Presse+, que nous apprenions qu’une dizaine d’éditeurs québécois allaient se concerter dans le but d’exprimer leur solidarité avec les communautés minoritaires et les peuples autochtones. Les éditeurs désirent agir afin que les choses changent. Leur rencontre est prévue le 12 août, soit lors de la journée J’achète un livre québécois

L’équipe ELJ a l’habitude de faire ses suggestions à l’occasion de cette journée importante. Toutefois, cette année, nous avons eu envie de faire différent. Nous voulons encourager les éditeurs québécois dans leur démarche. Afin que nos bibliothèques de classe représentent mieux la réalité multiculturelle québécoise, nous vous présentons des nouveautés intéressantes mettant à l’avant-plan des personnages racisés. 

Suggestion d’Annie : Les Étoiles, Jacques Goldstyn chez La Pastèque

Notre amour pour Jacques Goldstyn n’est plus à prouver sur ce blogue; la preuve: Lucie et Benita vous en faisait l’éloge en janvier dernier dans cet article. Cet auteur nous offre toujours des œuvres de qualité supérieure et sa dernière parution n’y fait pas exception. Les étoiles, un album tout à fait exceptionnel où une jeune fille musulmane et un garçon juif se rencontrent dans un parc du Mile-End à Montréal et réalisent qu’ils ont une passion commune pour l’astronomie. Un véritable hymne à l’amour et à une amitié qui va bien au-delà des religions! 

 

Suggestion de Benita : Les enfants à colorier, Simon Boulerice et Paule Thibault chez Fonfon

Cette nouveauté tombe à point pour la rentrée! Dans cet album haut en couleurs, on nous présente le portrait de 14 enfants beaux et atypiques. Les élèves de vos classes sauront assurément se reconnaitre dans les descriptions. Un album qui célèbre l’unicité et la différence au sein de notre société! 

 

Suggestion d’Amélie : La ruelle, Céline Comptois et Geneviève Després chez D’Eux

Bien que ce ne soit pas une nouveauté, c’est le bon moment de vous procurer ce petit bijou si vous ne le connaissez pas encore.  Pourquoi maintenant?  Car sa suite, « La ruelle d’hiver », paraîtra prochainement et vous ne voulez pas passer à côté de ce formidable duo autrice-illustratrice.

Dans ce premier tome, Élodie part explorer les recoins de la ruelle de son quartier pendant un long (ou court) deux minutes.  Le texte poétique et les illustrations aux points de vue originaux nous transportent avec elle dans ses découvertes.  Dans la prochaine publication, gageons qu’Élodie et ses amis prendront le temps d’apprécier les petits plaisirs hivernaux et nous donneront le goût de faire de même.

Pour voir l’artiste à l’œuvre :

https://www.facebook.com/watch/?v=697954177692336

https://www.facebook.com/watch/?v=305903857039909

Suggestion de Julien : Pain Doré, Kari-Lynn Winters et François Thisdale chez De l’Isatis

Dans cet album, publié chez De l’Isatis, Kari-Lynn Winters nous transporte dans un univers lyrique et ambrosien où nos sens seront particulièrement en activité. On y raconte un petit moment intime entre Fanny, une jeune fille métissée et sa grand-mère Nam-ma atteinte d’une cécité complète. En marchant sur le trottoir, Fanny entend un garçon scander le surnom qu’on lui donne à l’école, «Pain-Doré». Intriguée, sa grand-mère souhaite connaitre la provenance de ce nom. C’est alors que le lecteur est plongé dans une ribambelle d’images gustatives créées par la fillette dans le but de décrire la couleur de sa peau et des autres membres de sa famille à une personne non voyante. Si vous aimez présenter des textes mentors à vos élèves, ce dernier est d’une richesse incroyable ; Kari-Lynn Winters arrive à merveille à décrire les couleurs à l’aide d’un vocabulaire autour de l’alimentation. Quelle originalité !

Une écriture touchante, accompagnée d’images aux textures multiples réalisées avec talent par nul autre qu’un illustrateur québécois du nom de François Thisdale. 

Suggestions de Julie Robert : Mon frère et moi, Yves Nadon et Jean Claverie chez D’Eux, Jabari Plonge, Gaia Cornwall chez D’Eux et Un petit geste, Jacqueline Woodson et E.B. Lewis chez D’Eux

D’Eux est une maison d’édition québécoise dans laquelle œuvre une grande famille, issue d’ici et d’ailleurs. Pas surprenant qu’on retrouve une si grande diversité et que l’on constate une ouverture intrinsèque dans toutes les œuvres qu’ils publient. Je pense à Mon frère et moi publié par Yves Nadon dans lequel on retrouve deux frères par un beau jour d’été. Courageusement, le plus petit prendra son envol comme son grand frère et sautera du rocher. Je pense aussi à Jabari plonge dans lequel on nous parle également de courage et où on nous dévoile un jeune garçon qui vaincra ses peurs et finira par plonger, encouragé cette fois par son père et sa sœur.

 Et puis, il y a cette toute nouvelle parution, un petit bijou dont je vous parlerai plus longuement bientôt dans un article : Un petit geste. Une nouvelle élève arrive en classe. Elle tentera d’établir le contact avec une petite fille, lui tendra la main, mais en vain. Réussira-t-elle finalement à se faire des ami.e.s? Un album qui donne un écho à la portée qu’aura chaque petit geste que l’on pose. Un album qui nous expose naturellement des personnages racisés dans cette école qui se veut une réplique de notre société actuelle, de notre société pluriethnique.

Suggestion de Catherine : Dans ma ruelle, il y a, Mélanie Perreault et Julien Castanié chez 400 coups

Cet album saura captiver les élèves, surtout les petits montréalais habitués à la vie de ruelle! Son format leporello, ou accordéon, est également très chouette pour les lecteurs. Ponctué de phrases courtes et illustré avec 1001 détails, c’est un album idéal pour la relecture et la lecture à deux. En plus, Julie proposait d’en faire un album À la manière de en début d’année dans cet article.

 

Suggestion de Rachel : Nibi a soif, très soif, de Sunshine Tenasco et Chief Lady Bird, chez Scholastic

Encore à ce jour, plus d’une cinquantaine de communautés autochtones n’ont pas accès à l’eau potable au Canada. Dans cet album, Nibi, une jeune autochtone, fera preuve de courage et de détermination pour que changement se fasse! Et c’est toute sa communauté qui pourra en bénéficier. Pour petits et grands. Cet album nous laisse croire que tout est possible lorsque l’on veut vraiment. Pour les plus grands, ça permet d’aborder un sujet d’actualité criant qui nous rend encore plus conscients de nos privilèges reliés à l’eau. Nibi, veut dire « eau » en langue anishinaabe, c’est beau, non?

Suggestion de Lucie : Comment transformer une banane en vélo: une fable écologique, de Jerry Dougherty et Ravy Puth, chez Kata

J’ai eu le plaisir de découvrir ce duo d’autrice et illustratrice à travers cette fable écologique. Dans leurs courtes biographies, on apprend que l’autrice franco-ontarienne est active dans la protection de l’environnement et que l’illustratrice sino-Cambodgienne prend soin de représenter les différences et la diversité. On y retrouve ces éléments dans l’album qui met en scène deux personnages maussades et grincheux qu’il ne faut surtout pas déranger. Toutefois, un groupe d’enfants leur fera voir les choses autrement grâce à une banane. C’est à la suite d’une série de trocs qu’ils « transformeront » une simple banane en un magnifique vélo tandem. La structure répétitive du récit conviendra assurément aux plus jeunes et la pointe humoristique saura séduire les plus vieux. Pour couronner le tout, le livre est carboneutre!

Suggestion de Louisanne : Pas moi, d’Élise Gravel, chez Scholastic

Cette chère Élise vise encore une fois en plein dans le mile avec cette histoire simple, à la structure répétitive et un brin absurde. Car, on le sait, les bas qui traînent, c’est une expérience familiale universelle. Des enfants qui répliquent « c’est pas moi!« , « c’est pas vrai! » ou « c’est pas juste!« , ça aussi, ça résonne dans presque tous les foyers québécois. Et l’autrice, fidèle à elle-même, arrive à nous surprendre avec une chute tout en humour. Avons-nous vraiment besoin d’en dire plus pour vous convaincre de le mettre sur votre liste? 

Suggestion de Julie St-Pierre : Derrière les yeux de Billy, de Vincent Bolduc et Chloloula, chez Dent-de-Lion

Pas toujours évident de parler de la mort et du deuil avec les élèves. Voici un album tendre où l’on rencontre Billy qui a peur de tout perdre, alors elle s’entraine à tout perdre afin de s’endurcir. Quand son grand-père décède, son entrainement ne lui sert pas. À la recherche de réponses, c’est son oncle qui réussit à lui expliquer où est ce dernier, dans sa boite à souvenirs (derrière ses yeux à elle). À la toute fin, de façon très subtile, l’homosexualité et l’homoparentalité sont abordées.

À écouter en livre audio ici.

 

Suggestion d’Alexandra : Enterrer la lune, d’Andrée Poulin et Sonali Zohra, chez La courte échelle

Un roman en vers libres, une immersion dans la campagne indienne, un autrice que l’on adore, mais surtout, un thème poignant. On nous raconte le combat que mène une jeune fille afin d’avoir des installations sanitaires dans son bout de pays. De quoi alimenter de belles discussions sur les privilèges, l’injustice et l’égalité homme-femme dans le monde. 

 

Suggestion d’Émilie : L’alerte au feu, d’André Marois et Célia Marquis, chez La Pastèque

C’est autour d’un exercice d’évacuation qui est en fait un vrai début d’incendie que nous retrouvons avec plaisir les protagonistes rencontrés dans Le voleur de sandwichs. Le directeur Monsieur Garence soupçonne Marie puis Mustapha d’avoir causé l’alarme. Aidés de leur ami Marin, ils tenteront de démasquer le vrai coupable. Une enquête pleine de rebondissements dans une école typique (fermée pour cause de moisissures!) où les enfants se reconnaîtront facilement. Des personnages attachants et des thèmes universels tel la pauvreté, le sexisme, le racisme abordés tout en subtilité au grand bonheur des lecteurs. Un plaisir de lecture pour les 7 à 77 ans!

Suggestion d’Anne-Sophie : Un jour tout neuf, de Julie Morstad, chez Comme des Géants

Cet imagier, écrit et illustré par Julie Morstad, est unique en son genre. Comme tout bon imagier, il regorge d’images et de mots classés par catégories. Ce qui le distingue des autres, c’est qu’il se raconte comme un album. Aussi, la lecture du livre se déroulera en collaboration avec les enfants qui devront faire des choix et partager leurs préférences à chacune des doubles pages. Comment aimeraient-ils s’habiller et se coiffer? Que souhaiteraient-ils manger pour déjeuner? 

 


Un merci particulier à Dayani du compte @mamandayani sur Instagram pour la photo d’en-tête de sa Lilia en pleine lecture.

Pour vous procurer les albums dont il est fait mention dans l’article :