Par Benita Kanozayire et Lucie Béchard


Qu’on le veuille ou non, l’enseignement en ligne fait désormais partie de nos vies et de nos pratiques pédagogiques. D’un côté, on gagne parfois en heures de sommeil, on arbore des vêtements plus confortables et on est libérées du masque. Yé! De l’autre, on doit être un brin plus traditionnelles, c’est plus difficile de conserver la motivation et le sentiment de partage que lorsque nos choux sont devant nous (même masqué.e.s à 2 mètres). Malgré la barrière des écrans, nous trouvons toujours aussi essentiel :

  • d’enseigner des stratégies de lecture à l’aide de la littérature jeunesse
  • de lire aux élèves de 10 à 20 minutes tous les jours
  • de permettre les échanges entre les lecteur.ice.s

C’est pourquoi nous avons décidé de maintenir l’habitude de la lecture feuilleton en fin de journée avec nos grands de 5e et 6e année. Ça permet à nos élèves de s’installer confortablement et de maintenir leur engagement jusqu’aux toutes dernières minutes de nos périodes de télé-enseignement. Qui plus est, on leur enseigne explicitement comment se forger des intentions de lecture avant une lecture et comment mener des échanges entre lecteur.ice.s de manière plus ciblée.

 

La démarche proposée

Dans un premier temps, faire le choix d’un livre. Idéalement, une lecture du profil adrénaline, c’est à dire qui contient du suspense, afin que les élèves en veuillent toujours plus et attendent impatiemment la prochaine période de lecture. Ou alors, un roman humoristique pour faire rire les élèves et leur apporter un peu de légèreté!

 

Lors du premier confinement, Lucie a lu Comment je suis devenu cannibale : l’histoire d’une histoire de François Gravel, un roman disponible en format numérique publié chez Québec Amérique. Dans ce roman original, le lecteur a accès aux pensée de l’auteur alors qu’il tente de créer un nouveau récit. En passant par ce qui l’inspire, le choix de son titre, l’élaboration des personnages et de l’intrigue, nous avons droit à des conseils d’experts lors de l’écriture d’un récit fictif.

Cette année, Benita a choisi de lire Robot sauvage de Peter Brown, un autre roman disponible en format numérique publié chez Gallimard. Ce roman suit l’aventure d’un robot à l’intelligence, l’humour et l’adaptation remarquable qui se trouve échoué sur une île. Un beau mélange entre le profil adrénaline et paysage: les descriptions sont impeccables et nous plongent au cœur de la nature.

Dans un second temps, nous avons ciblé les aspects clés autour desquels se font généralement nos partages littéraires. Voici quelques exemples qui se prêtent bien aux deux œuvres :

  1. le rappel de l’histoire
  2. les caractéristiques des personnages (physiques et psychologiques)
  3. la description du cadre (du temps, des lieux, de la nature, l’appel des sens, du vocabulaire utilisé)
  4. les thèmes abordés
  5. les prédictions basées sur les indices du texte

Ces intentions sont intimement liées aux 4 dimensions de la lecture et sont travaillées de manière plus ou moins formelles chaque fois qu’on lit aux élèves. Il est important pour nous de ne pas poser une tonne de questions pendant la lecture afin de ne pas briser le rythme, et on n’y fait pas exception en virtuel. C’est pourquoi les 2-3 premières périodes de lecture se sont déroulées uniquement pour le plaisir et pour s’imprégner du style de l’auteur. On peut aussi les enseigner explicitement à l’aide de mini-leçons.

Pour notre part, nous sommes revenues sur le rappel efficace, puis nous avons simplement fait un tour d’horizon des autres aspects. Nous avons ensuite dégagé nos observations en grand groupe. Une fois nos intentions pédagogiques annoncées, il ne nous restait qu’à plonger dans la lecture. Après quelques chapitres, on envoie les élèves dans des salles virtuelles afin qu’ils puissent en discuter durant une dizaine de minutes; cela peut se faire avant ou après la lecture du jour. L’enseignante en profite alors pour se « promener » d’une salle à l’autre pour écouter les échanges et les amener plus loin au besoin.

Nous avons ciblé un aspect par équipe et ceux-ci devaient centrer leur attention sur celui-ci;  des équipes de 4-5 élèves, aux forces variées, afin de s’assurer d’avoir certain.e.s qui puissent jouer davantage un rôle de meneur. Nous avons alors pu constater que nos habituels discrets sont un peu plus à l’aise de parler en petit groupe que lors de la lecture collective.

Si on souhaite structurer un peu plus le tout, on pourrait demander à chacun de prévoir des papillons adhésifs ou d’avoir leur carnet de lecture en main afin de prendre des notes. Les élèves pourraient donc s’y référer durant les discussions. On peut aussi désigner un.e secrétaire ou un porte-parole pour le partage en grand groupe. Plus le roman avancera, plus on pourra varier les intentions et effectuer des rotations. L’objectif principal est que tous les élèves puissent échanger à partir de différentes intentions de lecture.

Et l’évaluation dans tout ça?

Que ce soit en chair et en os ou en ligne, il y a moyen d’alléger l’évaluation en ciblant un seul critère et/ou une seule équipe. Avec une grille et/ou un barème descriptif à porter de main, vous pourrez prendre des notes durant les discussions. Un avantage de l’enseignement en ligne : vous pouvez même les enregistrer afin de les évaluer ultérieurement pour mieux appuyer votre jugement.

 

Allez-vous tenter l’expérience pour votre prochaine semaine en télé-enseignement?