Par Catherine Boissy


Dans notre société actuelle, à l’ère des trop nombreuses fusillades et de l’intimidation, nous sommes plus que jamais des acteurs importants pour la transmission de nos valeurs communes. Il est de notre devoir d’enseigner aux élèves comment vivre-ensemble. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles j’enseigne l’Éthique et la culture religieuse qu’à partir de la littérature jeunesse. Et comme le temps vient souvent à manquer, la période d’éthique est une opportunité de travailler également les quatre dimensions de la lecture et la justification. Tout est dans tout!

Un peu comme à la messe (!), les périodes d’éthique dans ma classe sont cérémonieuses et truffées de rites. D’abord, les élèves sont appelés à venir s’asseoir au rassemblement non pas par le son du carillon habituel, mais par un bâton de la pluie. Puis, ils doivent s’asseoir en cercle et non pas face à moi. Pour obtenir le droit de parole, les élèves doivent avoir en leur possession la bille que je roule vers eux. Par ces gestes, j’essaie le plus possible de faire de ce moment un lieu d’échanges et de respect. Parfois, je commence la période par une image affichée au tableau ou je lance une question avant de faire la lecture d’un album. D’autre fois, je lis simplement l’album et nous en discutons. D’autres fois encore, ils doivent réagir à l’écrit ou par le dessin. La puissance de ces discussions autour d’un livre est telle qu’il est facile de réinvestir lors de mes interventions. Je crois aussi que ces discussions sont riches car elles offrent des modèles de réflexions éthiques pour les enfants qui, d’emblée, n’auraient pas réfléchi ainsi.

Les albums pour amorcer des discussions éthiques en classe sont nombreux! Cela dit, voici quelques nouveautés qui gagneraient à être exploités en classe:

  • Dessine-moi un petit prince (Michel Van Zeveren): Avez-vous des élèves anxieux à l’idée de se tromper? Triste de ne pas être aussi bon qu’un autre copain en arts ou ailleurs? Cet album, davantage pour les plus jeunes, est une ode à la créativité et une invitation à voir les choses autrement. Idéal pour désamorcer certaines crises…
  • La leçon (Michael Escoffier et Kris Di Giacomo): L’auteur, connu pour son ton humoristique, nous surprend avec une oeuvre sombre et puissante. L’album aborde le thème de la cohabitation de l’homme et de l’animal en offrant une fin ouverte laissant place à l’interprétation: qui de la bête ou de l’homme aura survécu? Un incontournable pour ouvrir le débat et inciter à la réflexion!
  • Éloi et le cheval de joie (Roxanne Turcotte et Maxime Lacourse): Un petit garçon décide de semer de la joie là où il n’y en a plus. Poétiques, les mots de l’auteure racontent la réalité de certains enfants à travers le monde. Un album qui suscitera inévitablement des discussions sur la chance qu’on a et les gestes que l’on peut poser.
  • L’abri (Céline Claire et Qin Leng): D’actualité, cet album nous offre un récit sur la peur de l’autre et l’entraide. Après la lecture auprès de mes élèves de 2e année, ceux-ci ont tout de suite fait des liens avec l’accueil des Syriens et même avec le président Trump! De belles discussions s’en sont suivies. À mettre en réseau avec Y’a pas de place chez nous (Andrée Poulin, Enzo Lord Mariano) et Petit Point (Giancarlo Macri, Carolina Zanotti)
  • Les deux papas de Violette (Émilie Chazerand et Gaelle Souppart): Au 1er cycle, je trouve vraiment approprié de faire un réseau en ÉCR sur les types de famille. Les deux papas de Violette, c’est l’histoire d’une fillette qui se questionne: est-ce une maladie que d’avoir un Papa et un Papou? L’homoparentalité est abordé ici sans tabou via les mots candides de la narratrice.
  • Lettres à mon cher grand-père qui n’est plus de ce monde (Frédéric Kessler et Alain Pilon): Un autre réseau que j’aime bien présenter en classe est le cycle de la vie. La naissance, la vie adulte, la vieillesse, la mort… Autant de concepts tellement abstraits pour les plus jeunes qu’il fait bon discuter en classe. Dans cet album, petits et grands y trouveront leur compte car on y décrit merveilleusement bien le deuil et les émotions qui s’y rattachent.

Pour finir, je triche avec un moins récent, mais qui vaut la peine d’être présenté:

  • L’homme sans chaussette (Jennifer Couelle et Ninon Pelletier): Qui est cet homme sur le banc du parc, sans chaussette même par temps froid? C’est la question que deux enfants se poseront sur le chemin de l’école. Un album qui permet d’aborder le thème de l’itinérance avec les petits comme avec les grands!

    Pour vous procurer les livres dont il est fait mention…