L’émergence du « phénomène Harry Potter » a bien montré que certains jeunes lecteurs sont capables de lire des œuvres de fiction assez complexes et étonnamment longues. Mais outre les aventures du célèbre sorcier, que faut-lire leur suggérer pour qu’ils vivent pleinement leur plaisir de lire?

La maison d’édition québécoise Les Malins lance cet automne un nouveau roman destiné aux jeunes, à partir de 10 ans: Rien n’arrête Ivy Pocket, de Caleb Krisp (une traduction du roman Anyone but Ivy Pocket)Avec ses quelque 400 pages de situations comiques, Ivy fera lire, et elle fera rire.

Ivy, est une camériste (femme de chambre), dont les employeurs se sauvent à toutes jambes, tellement elle est insupportable. Ivy n’est pas mesquine ou cruelle, mais disons qu’elle a toujours de drôles d’idées, qui mettent son entourage dans le pétrin. Ce qui rend le texte encore plus humoristique, c’est le regard naïf que porte Ivy sur elle-même et sur les événements qu’elle traverse. Elle croit qu’elle est exceptionnelle (alors qu’elle est une catastrophe ambulante) et prétend que les gens n’apprécient pas ses compétences à leur juste valeur: la pauvre, elle vit dans le déni total!

« Et comme j’étais, à douze ans, la perle des femmes de chambre, je devins vite absolument indispensable à la comtesse. Nuit et jour, j’étais à ses côtés, toujours prête à me rendre utile.

Elle était, à l’occasion, très difficile à retrouver. Un matin, je la découvris tapie derrière une commode, la tête enfouie sous un drap. Une autre fois, elle tenta de se faire passer pour une lampe en me voyant approcher. J’attribuais ces petites écarts de conduite au fait que la comtesse était une aristocrate. Autrement dit, archi-timbrée. » (p. 15)

 

Le texte est donc intéressant en qui concerne l’inférence, puisque le lecteur doit lire entre les lignes pour comprendre les relations entre Ivy et les autres personnages. Dans l’exemple précédent, on voit bien que la comtesse n’est pas « timbrée », comme le croit Ivy, mais qu’elle souhaite seulement lui échapper. Le lecteur doit constamment remettre en question le discours du personnage principal, parce qu’Ivy est toujours « dans les patates »!

Ainsi, le personnage central du roman serait une « anti-héroïne ».  Si vous voulez, travailler ce type de personnage (imparfait, indiscipliné, parfois mal-intentionné, etc.)  en classe, j’attire votre attention sur deux autres romans, Artemis Fowl, d’Eoin Colfer et Le premier défi de Mathieu Hidalf, de Christophe Mauri, qui pourraient servir à former un réseau littéraire autour des anti-héros.

Pour vous procurer les romans dont il est fait mention dans l’article :