par Catherine Boissy


C’est pendant l’une de nos rencontres que Julie m’a vanté un jour l’album L’oiseau rouge d’Élodie Duhameau. Nous étions dans une pièce bruyante et je faisais sûrement plusieurs choses en même temps… Je l’ai lu en diagonal, sans trop comprendre l’enthousiasme de mon amie. Puis, à la librairie un autre jour, je l’ai relu. J’ai pris le temps : le temps d’observer les illustrations, le temps d’apprécier le décalage entre celles-ci et le texte, le temps de remarquer les détails que l’autrice a glissé çà et là pour nous faire sourire. Et je l’ai adoré, finalement!

En tant qu’adultes, nous pouvons avoir perdu ce réflexe d’observer l’interaction entre le texte et l’image. Or, c’est là que réside l’essence même de l’album jeunesse. Puisque une journée sans sourire est une journée perdue, j’ai envie de vous faire découvrir un fil littéraire tout en humour autour des albums où les auteurs et les illustrateurs se jouent de nous.  Ce sont mes préférés et les élèves en raffolent!

« Qui du texte ou de l’image est premier et porte la narration? Le déterminer permet d’apprécier la manière dont les deux instances interagissent. »  Sophie Van der Linden dans Albums.

Je vous propose d’abord Mon meilleur ami (Rob Hodgson). En début d’année scolaire, c’est avec l’humour de Rob Hodgson que j’ai accroché mes élèves. Celui-ci a d’ailleurs gagné le cœur des lecteurs de ma classe lors du tout premier combat des livres. L’intérêt du récit émerge de cette interaction entre le texte et l’image, ceux-ci se contredisant tout au long de l’histoire. On y présente une souris croyant avoir trouvé en le hibou un meilleur ami… mais les illustrations nous laissent croire que celui-ci a d’autres intentions!

Comme mes élèves avaient adoré les livres où « les images et les mots ne sont pas d’accord », je leur ai ensuite présenté L’oiseau rouge. Encore une fois, dès la première de couverture, les copains rigolaient déjà et vous comprenez sûrement pourquoi! L’oiseau rouge, étant en fait un chat, libère l’oiseau bleu de sa cage afin qu’il lui apprenne à voler. À moins que… Délicieusement absurde, cet album fait appel à l’intelligence des lecteurs en nous laissant interpréter les intentions des différents personnages.

Tout récemment, j’ai découvert l’album Mon chien et moi. Mes élèves ont eu la réaction espérée en découvrant la couverture : « bien là! C’est pas un chien, c’est un ours!! ». En plus de rire un bon coup, notamment avec la chute de l’album, nous avons pu apprécier le trait de crayon de Felicita Sala. Il s’agit ici de l’histoire d’une jeune fille qui voit un ours au parc et l’adopte en croyant avoir trouvé un chien. Au fil de l’histoire, elle perdra son animal de compagnie, tentera de le retrouver, pleurera un bon coup, puis… trouvera finalement un chat.

Connaissez-vous d’autres livres comme ceux-ci où les auteurs et les illustrateurs se jouent de nous, où le texte et l’image sont en décalage?