Un article de Louisanne Lethiecq

La voici.

C’est elle, l’enfant des livres.

Elle vient d’un monde d’histoires.

En grandissant, beaucoup l’auront oubliée, rangée dans un coin de sa mémoire, au profit de choses plus sérieuses ou plus rentables. Mais il n’est pas trop tard, elle est toujours là.

Il suffit de lui ouvrir la porte et de la laisser nous guider.

Dans cet album publiée chez Scholastic, le lecteur est invité à reprendre contact avec son cœur d’enfant et à voyager librement à travers les dédales de son imagination sans borne.

«L’enfant des livres» est un album remarquable à plusieurs égards, tant par l’originalité du sujet imaginé par Sam Winston que par la technique d’illustration mixte réalisée par Oliver Jeffers. Il s’agit d’une œuvre novatrice et mémorable, un réel coup de cœur pour toute l’équipe de J’enseigne avec la littérature jeunesse.

* Extraits diffusés avec l’accord préalable de l’éditeur.

Tout d’abord, une des particularités frappantes de cet album est qu’il s’agit en réalité d’un hymne à la littérature avec un grand «L», car on y rend hommage à plus de 40 auteurs classiques. En effet, le travail d‘Oliver Jeffers fait référence aux plus grands auteurs de tous les temps : Maupassant, Flaubert, Grimm, Saint-Exupéry, Verne, Rabelais, Andersen, Defoe, Dickens, Hugo, Homère et Kipling pour n’en nommer que quelques-uns (voir la page titre pour la liste complète des œuvres citées).  En fait, Jeffers a poussé la créativité à son comble en réalisant les illustrations elles-mêmes à partir des textes des plus grands auteurs. En effet, à l’instar d’un calligramme,  chaque double page est formée de phrases et de mots extraits des textes classiques. Une mer houleuse, un nuage duveteux, une caverne mystérieuse, un monstre redoutable, des montagnes abruptes, des constellations lumineuses… tout est formé de mots et de lettres. En outre, les illustrations à fond perdu réalisées sur fond blanc laissent toute la place à la mise en page ingénieuse du texte. Chaque double page est un délice pour les yeux.

J’en profite également pour souligner le travail colossal de la traductrice Élizabeth Duval, collaboratrice assidue de l’illustrateur émérite d’origine irlandaise. Bien que «L’enfant des livres» ait d’abord été publié en anglais sous le titre «A child of books», en raison de la complexité des illustrations, l’adaptation française de cette œuvre a dû représenter un réel défi.

Malgré qu’il s’agisse d’abord et avant tout d’un album de littérature jeunesse, je suis d’avis que cette œuvre s’adresse à un public large. Son récit fertile réveille l’enfant intérieur en soi et l’imagination débordante qui l’animait autrefois. Pour cette raison, cet album plaira autant aux enfants qu’aux adultes.  Les plus jeunes y verront un récit d’aventures étonnant, alors que les plus vieux accéderont à la richesse des inférences et des références littéraires présentes dans les illustrations.

Pour ma part, j’ai choisi de lire ce trésor aux parents de mes élèves lors d’une rencontre de parents en début d’année. J’enseigne en milieu allophone très défavorisé, pratiquement aucun parent des élèves de ma classe ne parle français. Cependant, je vous assure que lors de la lecture, tous les regards étaient tournés vers l’œuvre lue et tous semblaient émerveillés.

Pour moi, il s’agit d’une excellente manière de mettre la table et de donner le ton pour toute l’année scolaire que leurs enfants passeront dans ma classe. Comme vous vous en doutez, la littérature occupe une très grande place dans ma classe, je me sers donc de cet album pour annoncer mes couleurs aux parents. De plus, je les encourage également à faire une place de choix aux livres à la maison en leur proposant différentes ressources gratuites en littératie.

 

Comme dans la plupart des œuvres conçues par Oliver Jeffers, le paratexte est incroyablement riche et tout à fait digne d’intérêt. Je vous propose donc de faire ressortir certains éléments du paratexte avec vos élèves.

  • La première de couverture, avec l’illustration de ce livre à serrure, gagne à être comparée à la quatrième de couverture et à la dernière double page de l’album où le lecteur découvre qu’il possède déjà la clé pour libérer son imagination.
  • Tel que mentionné précédemment, les pages de garde se veulent une bibliographie de tous les textes classiques cités dans l’album.
  • La page du droit d’auteur, avec sa plume, son encrier et sa feuille vierge, invite le lecteur à y écrire sa propre histoire, tout en célébrant le génie des auteurs qui l’ont précédé.
  • La dédicace est également intéressante pour les plus vieux, car on y fait référence à Hurbinek, cet enfant tristement célèbre d’Auschwitz.
  • Il est pertinent de noter que l’ISNB a été placé sur un morceau de papier, le même que celui de la page du droit d’auteur.

«L’enfant des livres»: un album puissant, une œuvre phare, un bijou offrir et à s’offrir.

Pour vous procurer ce chef-d’oeuvre, c’est par ici: