Un article de Julie Lévesque, enseignante au 2e cycle à l’école Saint-Enfant-Jésus de la Commission scolaire de Montréal


Je ne sais pas pour vous, mais de mon côté, les résolutions concernant ma santé et ma gestion du temps côtoient inévitablement des habitudes pédagogiques que je voudrais voir perdurer. L’écriture modélisée en grand groupe fait régulièrement partie du lot… Je sais que mes élèves profiteront grandement d’avoir sous leurs yeux un modèle pour les différentes étapes de l’écriture d’un texte, mais cet exercice me semble souvent si long et relativement fastidieux, surtout si on bifurque en plus vers une production collective.

Et vous, avez vous pris des résolutions pédagogiques pour cette nouvelle année que nous entamons?

Cet automne, j’ai eu une idée en lisant l’album de Ruth Brown Le grand éternument. Il relate l’histoire en apparence banale d’un fermier faisant la sieste dans l’étable. Tout est calme jusqu’à ce qu’une mouche se pose sur son nez le poussant ainsi à éternuer. S’en suit une cascade d’actions provoquées par les réactions des animaux présents. Ce récit a une structure en relais mettant en scène des réactions de plus en plus grandes.

Dans l’univers de cette auteure et illustratrice britannique, les animaux occupent très souvent une grande place et sont représentés de manière très réaliste. Sur le site de Gallimard, on précise que chaque illustration est pour elle comme un véritable tableau. Sa bibliographie compte nombre de titres très intéressants à lire aux élèves : Une histoire sombre très sombre (à l’Halloween), Dix petites graines (sans texte), Crapaud (débordant d’adjectifs) ou encore Boule de Noël (description assez détaillée d’un personnage, un chat).


Une proposition pour une exploitation dans votre classe!

Pour en revenir à l’écriture collective « à la manière de Ruth Brown » à partir de l’album Le grand éternuement, ma proposition est fort simple : utiliser les élèves de la classe comme personnages.  Ainsi, à partir d’un incident mineur, d’un détail anodin, une cascade de répercussions pourrait impliquer tout le groupe. Dans le tableau en bas d’article, le schéma du récit est analysé pour vous, afin de vous aider à diriger plus facilement l’exercice d’écriture collective « à la manière de… » dans votre classe.

L’album présente également certaines caractéristiques grammaticales et syntaxiques qui valent la peine d’être observées avec les élèves selon le temps dont on dispose et les concepts que l’on souhaite aborder.

  • Le texte contient plusieurs verbes au passé, principalement au passé simple et quelques-uns à l’imparfait et un au passé composé. Plusieurs verbes sont aussi à l’infinitif.
  • Les pronoms « ce » et « qui » sont largement utilisés. Il s’agit ici d’une belle occasion de s’exercer au repérage des antécédents de pronoms, surtout que la structure simple du texte rend ces liens évidents.
  • Les réactions des animaux ne tiennent qu’en une seule longue phrase s’étendant sur plusieurs pages. L’usage des points de suspension laisse deviner que l’action se poursuit. Est-ce là un exemple de transgression des normes syntaxiques ?

Si « un grand éternuement » dans la classe ne suscite pas beaucoup d’intérêt, je pense que ce genre d’aventure pourrait facilement s’imaginer dans l’atelier du père Noël. En général, les élèves éprouvent de la facilité à mettre en scène les personnages de Noël et ce temps de l’année inspire souvent les enseignants pour mettre à l’horaire l’écriture d’un texte collectif.  Enfin, sur une note personnelle, je vous révèle humblement le titre de l’œuvre réalisée dans ma classe : Le petit pet.


Pour vous procurer l’album dont il est fait mention dans l’article, c’est par ici :