par Andrée Poulin, autrice jeunesse et collaboratrice spéciale


Lors de la journée littéraire  J’enseigne avec la littérature jeunesse du 16 octobre dernier, Michaël Escoffier a présenté le discours d’ouverture. Cet auteur de la France a publié plus de 70 albums jeunesse. Voici un résumé, sous forme de capsules, de sa présentation aussi fascinante que stimulante.

Des livres pour le plaisir et le partage 

« J’ai envie d’axer ma présentation sur le plaisir et le partage, les deux notions qui guident mes pas quand j’écris une nouvelle histoire, le plaisir que je vais y prendre et que je vais communiquer au lecteur.  Je fais des livres pour gagner ma vie, mais je pourrais faire des tas d’autres choses qui me feraient gagner plus d’argent.  Je fais des livres par plaisir.

« Je vois sur Internet des exploitations d’albums jeunesse avec des fichiers et des formules à remplir pour les jeunes, mais on y perd la notion de plaisir. Il ne faut pas utiliser le livre de façon rébarbative. L’essentiel quand on parle du livre : c’est un outil de plaisir et de partage. C’est une belle ambition que de communiquer du plaisir et ça ne réussit pas chaque fois. »

Liberté d’auteur 

« Je me balade dans les écoles au Québec et je trouve génial de voir comment les albums sont utilisés. L’usage des albums en classe n’est pas aussi répandu en France, où on est plus collés aux manuels scolaires.

Je suis curieux comme individu de savoir ce qui se passe en classe. Mais comme auteur, je ne veux pas savoir ce que vous faites de mes albums dans vos classes. Je veux garder ma liberté totale d’auteur.Je ne veux pas commencer à me dire, si j’ajoute ça ou ça, ce sera plus facile pour les enseignantes. C’est une contrainte que je ne veux pas avoir.  »

Le livre – une arme puissante

« Vous (les enseignants) êtes des gens importants pour notre société, car vous avez la mission d’ouvrir au maximum l’esprit des enfants. Pour remplir ce rôle important d’enseignant, il faut passer par le plaisir du livre. C’est un outil sensuel et puissant. On n’a pas inventé quelque chose de plus fort, le livre est une arme puissante, un objet de plaisir qui éveille tous les sens. »

L’auteur est d’abord un lecteur

« Avant d’être un auteur, je suis un lecteur. Mes lectures m’ont donné envie d’écrire à mon tour. Babar l’éléphant m’a traumatisé parce que ça commence avec la mort de la mère de Babar. C’est le seul album dont je me souviens. Enfant, j’avais très peu de livres. Je ne connaissais pas les classiques. Je lisais beaucoup de bandes dessinées et ça m’a donné le goût du livre.

Quand mon fils est né, il y a 18 ans, j’ai commencé à m’intéresser à la littérature jeunesse. On allait chaque semaine à la bibliothèque du quartier. J’ai découvert le formidable laboratoire de l’édition jeunesse, j’ai découvert des pépites, mais aussi beaucoup de livres mal écrits ou mal dessinés. C’est ce qui m’a donné le courage de me lancer. J’ai pensé, je peux faire au moins aussi bien que ça. »

Complicité avec l’illustrateur

« J’essaie de trouver des illustrateurs avec qui j’aurai de la complicité entre les mots et les images, qui fera que le livre est un objet unique et non pas des images collées sur un texte.

Avec Matthieu Maudet, c’est une collaboration où je m’éclate. Contrairement à d’autres illustrateurs qui ont besoin de s’approprier seuls un texte, Matthieu me laisse mettre mes mains dans le moteur. C’est une partie de tennis avec lui, on se relance, on s’amuse beaucoup tous les deux.

Amandine Piu est une de mes nouvelles complices. Parfois, au hasard des rencontres, on rencontre une personne incroyable, comme Amandine. Le courant passe tout de suite et on sent qu’on va s’amuser ensemble. J’ai plein de projets avec Amandine, car c’est vraiment agréable de travailler avec elle et elle a plein de talents. »

Livres mentors

Mario Ramos et Hervé Tullet sont des créateurs importants, les premiers qui m’ont donné le goût d’écrire. Il y a beaucoup de créativité dans leurs livres, une façon différente de voir les choses des albums traditionnels. J’ai eu envie à mon tour de m’y mettre.

Deux livres pour moi qui sont parfaits, des Graals à atteindre :

  • La petite grenouille qui avait mal aux oreilles, d’Olivier Wouch. C’est le livre le plus drôle du monde.

  • Le caillou, un chef-d’œuvre de Thierry Dedieu. C’est un superbe objet. Pour le choix de couleurs (beaucoup de noir et gris et cet orange qui pète à chaque page). Pour la fin, délicieuse et ironique.


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