par Véronique D’Anjou, collaboratrice spéciale


Ça y est! Les premiers doux rayons de soleil ont fouetté notre ennui hivernal d’un coup. Le ciel bleu, la chaleur qui commence à se faire sentir et l’envolée des masques nourrissent notre envie de liberté et celle de sortir. Et pourquoi attendre à la fin des classes pour le faire? Dehors tous! L’extérieur regorge de possibilités pour apprendre et pour s’ancrer dans notre environnement.

Cette pratique gagne en popularité depuis le début de la pandémie, mais elle demeure tout de même marginale. Cependant, croyez-moi, elle est à portée de tous. Pas besoin d’être un expert de la flore québécoise et des milliers de bestioles qui y vivent pour faire l’école dehors. Pas besoin non plus d’avoir une immense cour d’école, une forêt à proximité ou un aménagement particulier non plus. La pédagogie par la nature réside essentiellement dans le principe suivant : sortir de l’école, voir ce qui s’y trouve et apprendre. Et pour la plupart des enseignants, c’est en observant avec les enfants l’extérieur sans quête précise, sans pression non plus que tout le potentiel pédagogique émergera, et ce, autant en nature qu’en milieu urbain. De façon toute simple, il s’agit de partir du dehors pour nourrir le dedans.

Je vous offre aujourd’hui quelques pistes pour ouvrir bien grande la porte de l’école et pour bénéficier de tout ce que les arbres ont à nous apprendre. Nous avons tous un arbre à proximité à moins d’enseigner en plein désert… Alors, il n’y a plus d’excuses qui tiennent. En route!

 

Les arbres et les mots : poumons de la Terre et de l’âme

Une pléiade de livres pourrait être présentée ici. Je vous offre, comme entrée, une petite sélection de mes chouchous. Il va de soi que tous les livres sont meilleurs lus au pied d’un arbre ou encore là où la brise peut nous effleurer doucement. Alors, choisissez votre endroit préféré et lisez. C’est d’une simplicité désarmante!

 

L’arbragan

Jacques Goldstyn n’a plus besoin de présentations. Ses livres sont des chefs-d’œuvre et celui-ci n’échappe pas à la règle! Vous y découvrirez une histoire où deux solitudes, un petit garçon et un grand chêne, se rencontrent et deviennent complices. Mais que se passe-t-il quand notre meilleur ami est un arbre et qu’il meurt? Voici un déclencheur parfait pour aborder de grandes discussions avec vos petits philosophes sur la vie, la mort, le cycle de vie, la solitude, l’amitié, etc.

En ville, l’agrile décime la population de frênes. Les enfants ont tous déjà vu un arbre se faire couper et auront sûrement spontanément envie de prendre action pour rendre hommage aux survivants. Cela peut prendre différentes formes.

Près de notre école, les enfants ont accroché des poèmes et des dessins sur notre Arbre à souhaits lui adressant leurs voeux écologiques ou encore leurs confidences anonymes. Tranquillement, ce petit arbre grandissant gagne de la place dans le cœur des résidants du quartier qui participent, eux aussi, à garnir les branches de leurs mots. Le feuillus est passé d’arbre solitaire à arbre communautaire et les mots prennent racines dans la ville.

 

L’arbre généreux

Magnifique histoire relatant toute la générosité d’un arbre pour un garçon qu’il affectionne. Les illustrations sont simples, mais évocatrices et les dialogues sont porteurs. On referme ce livre en se sentant nous-mêmes un peu profiteurs. Que donnons-nous aux arbres en retour?

Pour rendre hommage à nos arbres préférés du quartier, les enfants ont souvent envie de les décorer. On fabrique alors des guirlandes selon l’inspiration du moment (assemblage de feuilles et de fleurs ou encore frises mathématiques et suites logiques). On peut leur réciter des poèmes, leur chanter des vers inventés ou leur adresser simplement notre reconnaissance.

 

Un réseau littéraire autour de Barroux (auteur et illustrateur)

Les réseaux d’auteurs sont particulièrement riches d’utilisation. Ils permettent d’entrer dans l’univers de l’auteur et de s’en imprégner, de faire ressortir le style de ce dernier et les procédés qu’il utilise tout en se donnant un vocabulaire littéraire partagé. L’écologie et les arbres sont des sujets de prédilection pour cet auteur-illustrateur renommé. Pourquoi ne pas profiter de sorties quotidiennes pour découvrir Barroux à travers ses œuvres?

Où est l’éléphant?

Sur chacune des doubles pages, vos petits lecteurs sont invités à trouver l’éléphant, le perroquet et le serpent. C’est très amusant et coloré au début. Mais, plus on tourne les pages, plus la forêt est rasée par l’humain et moins les trois animaux ne trouvent d’endroits où se réfugier. En peu de mots, le malaise s’installe et les lecteurs s’indignent. Voici une façon bien originale d’aborder le phénomène de la déforestation, certes, mais aussi de prendre conscience de l’importance de nos arbres autant en nature qu’en milieu urbain!

Planter des graines de fleurs dans les craques du trottoir et regarder le spectacle opérer de jour en jour.

Identifier les arbres de la cour ou ceux qui sont autour de l’école pour sensibiliser tous ceux qui les côtoient à les remarquer.

 

Combien d’arbres?

Ici, l’auteur questionne le lecteur pour déterminer combien d’arbres ça prend pour faire une forêt. 85?  1500? Voici-là une fable écologique qui sèmera assurément une graine dans votre classe pour ensuite faire pousser du grand : reconnaître, apprécier et prendre soin des arbres… et peut-être même des autres. Au fait, combien d’enfants ça prend pour faire une communauté?

Barroux nous rappelle, à travers ces pages, l’importance de chaque élément, aussi petit soit-il, pour l’équilibre d’un écosystème. Ceci peut être un tremplin pour partir avec les enfants faire du bien autour d’eux en témoignant l’apport de chacun à l’écosystème qu’est l’école (secrétaire, direction, enseignants, concierge, technicien en éducation spécialisée, etc.) ou à celui du quartier (brigadiers, conducteurs d’autobus, pompiers, éboueurs, parents du pédibus, etc.). Pourquoi ne pas leur écrire un message personnalisé, leur faire un témoignage, leur offrir une chanson ou encore un poème?

 

L’arbre du temps

Dans ce magnifique livre, un vieil arbre raconte humblement sa vie tout en poésie. De cette lecture, une réflexion plus que pertinente sur le temps qui passe, sur le cycle de la vie et sur la nature émergera certainement. Un regard nouveau sera ensuite porté à ceux qui ont vu, à ceux qui restent et à ceux qui sont enracinés depuis souvent bien plus longtemps que nous.

Partir à la recherche d’un arbre-souvenir pour soi, par son emplacement à un endroit significatif, sa forme particulière, l’ombre qu’il procure, sa taille ou ses couleurs à l’automne. Puis, suspendre à ses branches un message de reconnaissance ou encore se faire prendre en photo devant pour en faire un album-souvenir commun. 

Fabriquer un pochoir prenant la forme de ce qu’évoquent les arbres pour moi. Il peut d’agir d’un oiseau, d’une maison, d’un terrain de jeu, d’un ami, d’un cœur, etc. En regardant à travers le pochoir de l’autre, on a aussi accès à une partie de sa vision du monde…

Mieux apprécier les arbres en prenant le temps de les observer. L’observation attentive pourrait permettre à l’enfant de mieux se représenter toutes les parties de l’arbre et d’utiliser le bon vocabulaire pour chacune d’elles (ex. : houppier, cime, nervures, folioles, canopée, ramures, lobe, etc.). On pourrait construire un glossaire collectif illustré qui pourrait être mis à la disposition de tous les élèves de l’école pour leur donner le goût de sortir à leur tour.

 

Alors, il n’y a plus de raison qui vous retiennent à l’intérieur. Poussez la porte, sortez, lisez et explorez! Le printemps vous attend…


Pour vous procurer les livres dont il est fait mention dans l’article…