Cette semaine, je suis tombée sur la préface d’un très vieux livre de didactique qui m’a fait réfléchir.  Oui, oui!!! Un livre publié en 1984 qui s’intitule « Apprentissage de la lecture en pédagogie ouverte » écrit par Rita Fortier-Lavoie

Les paragraphes que je lisais, écrits par André Paré presque 40 ans plus tôt, résonnaient en moi lors d’un matin grisâtre de novembre.  C’était comme si l’auteur écrivait ce que j’aurais voulu dire à ma direction, à la direction générale de mon centre de service et au ministre de l’Éducation.

Peut-être vous sentirez-vous interpellés vous aussi! Je vous laisse lire…

« Les enseignantes ont été « chariées » par tous les « spécialistes », qui ont parcouru les écoles ces dernières décennies. Chacun arrive avec sa théorie nouvelle, sa technologie d’avant-garde, sa méthode infaillible et les enseignantes deviennent comme des girouettes, forcées qu’elles sont d’aller dans toutes les directions au gré des vents pédagogiques du moment.

Nous sommes dans une société où les « spécialistes, c’est-à-dire ceux qui détiennent l’information abstraite, contrôlent et plient les populations à leur propre service. La connaissance devient un outil de pouvoir. Au lieu d’être au service des enseignantes, les « spécialistes » ont mis les enseignantes à leur service et au service de leur propre technologie. Tout cela s’est fait au nom des enfants et de leur apprentissage, mais a-t-on vérifié? Une des conséquences de cette centration sur les « spécialistes » (toujours extérieurs), c’est d’avoir perdu de vue que la pratique quotidienne apporte une connaissance indéniable. L’expérience personnelle est source d’apprentissage et de perfectionnement. Devant l’intervention du « spécialiste », l’enseignante en vient elle aussi à ne plus reconnaitre sa propre expertise et à s’en remettre totalement à ce qui lui est proposé. Elle en vient à douter de sa propre connaissance de la réalité, d’autant plus que le spécialiste a souvent posé le diagnostic de son incompétence. » p.14

Définition selon le dictionnaire des expressions:

Perdre de vue l’essentiel ; se débarrasser d’une chose pourtant importante dans le but de l’éliminer avec les ennuis ou contraintes qu’elle implique ; pécher par excès de zèle.

Pas étonnant que nous soyons si épuisées! On parle beaucoup de la zone proximale de développement des élèves, mais on oublie souvent de considérer celle des enseignantes. 

  • Faites-vous confiance! Votre expérience n’est pas exempte d’expertise!

  • Gardez en tête que ce n’est pas l’année de publication d’un ouvrage qui en fait une référence de qualité ou non. Certains ouvrages plus anciens sont encore des références incontournables et certaines nouveautés ne passeront pas à l’histoire.

  • Choisissez des formations qui vous parlent et vous stimulent!

  • Prenez le temps de réfléchir à vos pratiques actuelles. Partez de ce que vous faites et tentez de les perfectionner et de les bonifier. 

  • Trouvez-vous une ou plusieurs collègues avec qui relever de nouveaux défis accessibles.

  • Ne vous comparez pas aux autres enseignantes que vous voyez partout sur internet. Comparez-vous à l’enseignante que vous étiez hier ou il y a 2, 5, 10 ans!