Par Benita Kanozayire


N’ajustez pas votre appareil: c’est bien moi, Benita, celle qui a le 3e cycle tatoué sur le cœur depuis bientôt dix ans, qui vous propose une lecture interactive et une animation pour des élèves du 1er cycle. C’est que j’ai eu l’occasion d’animer un atelier dans la classe de mon garçon de 6 ans: un véritable privilège si vous voulez mon avis (vivement le milieu alternatif et la coéducation)! Loin de ma zone de confort si on pense à mon expertise professionnelle mais tout à fait à propos dans mon expertise parentale, étant maman d’un garçon hypersensible aux grands (et fréquents) débordements émotionnels.

Au pays des vases, tous les vases arborent de beaux bouquets fleuris et exultent de joie. Tous, sauf Henri. Mais pourquoi donc? Ce questionnement envahit rapidement celui-ci, le submerge et le remplit d’inquiétude. Comment Henri fera-t-il pour y voir plus clair et contenir ses débordements émotionnels?

Le déroulement de la lecture interactive

L’album de Catherine Lepage m’a évidemment fait de l’œil de par sa page couverture aux couleurs ultra vives. Le vocabulaire riche et imagé m’a semblé tout à fait accessible, tant pour les petits que pour les grands. La bouille sympathique et naïve d’Henri nous amène tout de suite à se demander:

Qui est Henri? Quelle sera son histoire? Pourquoi a-t-il cet air? Que ressent-il? À quoi peut bien servir la chaine illustrée à la 4e de couverture?

Ces questions ont d’ailleurs servi de questionnement de préparation à la lecture pour les choux de 1re et 2e. On a ensuite fait quelques prédictions avant de découvrir Henri.

Pendant la lecture, nous avons ajusté notre compréhension à différents moments.

  • p. 10:  Que signifie être « soucieux »? Entends-tu un mot à l’intérieur du mot qui pourrait t’aider à savoir ce que ça veut dire? (inférence lexicale)
  • p. 20:  D’après toi, que va-t-il découvrir à la vallée des éponges? (prédire)
  • p. 28 : Que va-t-il arriver après (prédire)
  • p. 42  Selon toi, que veut-on dire par « Ils ne laissent plus une petite goutte devenir un océan »? (compréhension implicite)

Après la lecture, nous avons brièvement parlé des thèmes et de l’intention de l’autrice derrière l’écriture de l’histoire d’Henri. Afin de faire des liens entre le personnage et leur vécu d’enfant, je leur ai posé quelques questions de réaction :

  • T’est-il déjà arrivé de ressentir un débordement émotionnel, comme Henri?
  • Qu’était-il arrivé? Quelle était l’émotion que tu vivais? Était-ce de la colère? De la tristesse? De la frustration?
  • Comment as-tu réagi? Qu’est-ce qui t’a aidé à vider ton trop-plein?

Le réinvestissement : mini atelier d’écriture et connaissance de soi 

Avant d’effectuer l’activité d’écriture proposée ci-dessous, il pourrait être intéressant de ressortir et d’analyser le champ lexical sur l’anxiété pour parler des émotions évoquées dans l’album. Ceux-ci pourraient même être regroupés par classe de mots et, pour les plus vieux, on peut également explorer les synonymes et pourquoi pas les mots de la même famille.

Pour ma part et la trentaine de minutes qu’il restait à la période, j’ai profité des dernières questions pour modéliser l’exercice de connaissance de soi que je souhaitais leur faire vivre. Comme point de connexion, je leur ai nommé des situations qui me causaient des soucis en prenant soin d’identifier l’émotion ressentie.

J’ai ensuite énoncé les actions et pensées qui me font du bien et qui me permettent d’évacuer mon trop-plein et de fleurir à nouveau. On a fait un bref partage en grand groupe afin de nommer des expériences communes. Les élèves sont ensuite allés remplir leur vase à partir d’un dessin « à la manière de Catherine Lepage ». Ils pouvaient écrire seulement quelques mots, une phrase ou faire un dessin. Mon intention pédagogique était davantage de leur permettre d’exprimer leurs émotions et de trouver des solutions.

Avertissement: les modèles de vases ont été effectués à main levée quelques minutes avant de vivre l’activité. Ce n’est #paspinterest du tout mais fait amplement le travail.

Le plus surprenant (et adorable): plusieurs enfants disaient « j’en ai pas de soucis, moi! ». D’où l’importance de permettre une discussion avec leurs camarades. En creusant un peu, ils ont fini par trouver, comme J., première année, qui n’aime pas se faire déranger quand il joue ou lorsqu’il se fait écarter par des grands lors de récréations.

En guise de partage, vous pourriez également reprendre les propos de vos choux et les recueillir sur un vase grand format affiché en classe. Ce dernier pourrait ainsi devenir un repère visuel et collectif sur les émotions partagées par les enfants, mais surtout, les différentes avenues possibles pour revenir au calme lorsqu’un débordement survient.


C’est ainsi que s’est conclue ma courte incursion chez les petits du 1er cycle. Suis-je désormais convertie? Pas du tout #le3ecyclecestlavie ? Vais-je y retourner? Assurément! Un grand merci, d’ailleurs, aux Renards Verts et à leur enseignante pour l’accueil et l’ouverture. En vous souhaitant une belle rencontre avec Henri!

Pour vous procurer l’album mentionné dans l’article, c’est ici :