Un article de Julie Robert


Allongez-vous. Écoutez. Humez. Fermez les yeux.  Prenez le temps de faire de la lecture de cette oeuvre, une lecture contemplative.

Sur la page titre, nous pouvons lire ceci…

Il y a de la musique dans le soupir du roseau;

Il y a de la musique dans le bouillonnement du ruisseau;

Il y a de la musique en toutes choses,

si les hommes pouvaient l’entendre.

(George Gordon Byron, poète)

Cette nouveauté de 2020, publiée aux éditions D’Eux, est tout simplement sublime. Elle est pour moi l’exemple parfait d’une oeuvre que l’on doit contempler, lire et relire même pour en percevoir toutes les subtilités. Une première lecture les yeux fermés, pourquoi pas! Osez. Imaginez-vous en train de lire cette oeuvre à vos élèves à l’extérieur, lorsque nous serons de retour en classe. J’amènerai mes cocos à à apprécier, à ressentir, à écouter cette oeuvre poétique où l’autrice décrit avec une grande précision la musique de la nature : le gazouillis des oiseaux, le friselis des épis, le son du grillon, le sifflement des roseaux,…  Puis, en relecture, nous admirerons le travail collaboratif de Célina Guiné, qui a réussi à rendre hommage à ce magnifique texte. Valsant entre l’abstrait et le figuratif, l’illustratrice cristallise chez le lecteur les émotions ressenties par la lecture du texte, puis par la contemplation de ses illustrations. Tout ce travail, ces mots et ces images, sont en effet d’une grande cohérence et inspireront les auteurs de nos classes!

Ce texte narratif est construit autour de dialogues. Ce choix énonciatif est judicieux, car il permet de créer un effet réel et ainsi de réduire la distance entre le lecteur et les personnages. Aussi, le dialogue contribue selon moi à donner du rythme à ce texte  en ralentissant par une succession de questions la progression de l’intrigue, permettant d’amener le lecteur à se poser, à se plonger dans cette contemplation amenée par la curiosité, la détermination et la confiance qu’a la petite Lily envers la nature.

Moe joue de la musique. Son amie se lève. Elle ne l’écoute plus. Elle a entendu quelque chose et suit son instinct : un animal a besoin d’être secouru. Nous découvrons dès la deuxième double-page ce petit lapin que Lily enveloppe dans ses bras. Elle peut l’aider à retrouver les siens. Elle le sait. Elle en est convaincue. Moe la questionne sur la façon dont elle s’y prendra. Pour Lily, c’est une évidence…Il suffit d’écouter le vent. Il suffit d’écouter la nature : elle sait tout et lui dira tout.

© Catherine Latteux et Célina Guiné, « Les yeux fermés », Éditions D’Eux.*


Une chute inattendue, une relecture nécessaire

Ce récit poétique est riche et complexe. Il y a de ces oeuvres que l’on doit nous-mêmes relire afin d’en comprendre toutes les subtilités. Je le répète : il est essentiel de toujours s’approprier le livre avant de le présenter à nos élèves et avant de leur faire découvrir. Parfois, malgré notre préparation, on passe à côté d’un détail important et nos élèves nous le font remarquer. Je suis toujours impressionnée quand un de mes cocos de 1re année découvre quelque chose qui m’avait échappé. Ça m’arrive encore, malgré les relectures que je fais toujours d’une oeuvre avant de la lire en classe.

Pour « Les yeux fermés », l’écriture de cet article m’a demandé de faire plusieurs lectures pour m’approprier l’oeuvre à un tel point que je puisse vous la faire découvrir. À la troisième lecture, j’ai compris la chute. Une fin inattendue, un détail auquel je ne m’étais pas attardé, pourtant d’une évidence maintenant que je sais. Cette chute, si subtile soit-elle, donne tout le sens à cette oeuvre une fois dévoilée. Ne plongez pas trop vite dans ce récit, prenez le temps d’observer les éléments du paratexte avec vos élèves. Observez la 1re et la 4e de couverture en les déployant (elles sont associées, c’est-à-dire que l’image se poursuit). Amenez vos élèves, par vos questionnements, à construire leur intention de lecture.

  • Pourquoi l’autrice a-t-elle choisi comme titre « Les yeux fermés »?
  • Pourquoi Lily ferme-t-elle les yeux à votre avis?
  • Vous est-il déjà arrivé d’écouter de la musique les yeux fermés?
  • Pourquoi Lily disparait-elle selon vous?

Maintenant, prenez le temps de lire la chute. Voici pour vous la dernière double-page (Oui, oui…nous y découvrons que Lily est aveugle.):

 

© Catherine Latteux et Célina Guiné, « Les yeux fermés », Éditions D’Eux.*

 


Pour vous procurer le livre dont il est fait mention dans l’article, c’est par ici…

* Extraits diffusés dans l’article avec l’accord de l’éditeur.