par Alexandra Hontoy


Il est 18h30. Je cours rejoindre mon téléphone avant de donner le bain aux enfants. C’est que depuis le début du confinement, j’adopte une nouvelle routine quotidienne: celle de téléphoner à ma grand-mère. Ma mamie aura 84 ans en septembre. Elle habite seule dans un appartement depuis la mort de mon grand-père. Si normalement elle peut sortir, aller marcher, faire ses courses, flâner à la bibliothèque et au parc, elle demeure aujourd’hui et depuis quelques semaines déjà, confinée à ce petit appartement du deuxième étage. Plus les semaines avancent et plus je la sens fragile. J’esquive parfois même la fameuse question : « Comment ça va Mamie?« , parce que je connais la réponse. Je sais qu’elle ne va pas très bien. Je reconnais les signes. J’essaie donc du mieux que je peux d’illuminer sa journée en parlant des enfants, en jouant à la cachette version  »Facetime » où elle cherche mes garçons à travers la maison. J’écoute ses inquiétudes, je la rassure. Récemment, elle m’a dit que ce qui lui faisait le plus de bien, c’était d’être tout simplement avec nous, virtuellement, pendant une action quotidienne. Par exemple, je l’appelle quand je fais le souper, je lui montre ce que je mets dans ma casserole et elle commente ma recette. Je l’appelle quand je donne un nouvel aliment à ma fille de 5 mois pour qu’elle vive avec nous sa réaction. Et ces petits partages du quotidien m’ont donné une autre idée: pourquoi mon grand de 6 ans ne l’appellerait pas pour lui lire quelque chose?

Lire à quelqu’un, c’est une des premières joies de la lecture. C’est si agréable de lire à une autre personne et de nous faire lire en retour, de partager nos émotions, de réagir ensemble. C’est un moment d’une puissance inouïe, la lecture à deux. Un acte qui nous rapproche, qui nous rassemble. J’y crois plus que jamais.

J’ai alors pensé que si tous les petits enfants du Québec appelaient leurs grands-parents ou leurs arrière-grands-parents pour leur partager une lecture, on pourrait ainsi créer de beaux moments naturels de rapprochement, voire d’intimité à distance. C’est la beauté de la lecture. Elle peut voyager, se déplacer, être libre et résonner en nous, peu importe notre emplacement dans le monde.

Je vous partage donc très humblement une capsule vidéo pour encourager les enfants à rejoindre les membres de leur famille et à leur apporter un peu de réconfort par la lecture, tout simplement.

J’espère que ce message voyagera et permettra à une multitude de personnes confinées de se sentir moins seules.

Bons moments de lecture à deux,

Alexandra