Un article de Maude Baribeault, collaboratrice spéciale


À chaque année, les habitants d’une ville appelée Protectorat laissent en offrande un bébé dans la forêt pour une sorcière que personne n’a vue. Xan, la gentille sorcière, recueille chaque année le bébé laissé dans les bois sans comprendre les étranges habitudes des gens de cette ville. Elle confie ensuite le nourrisson à une famille aimante. Par contre, cette année, Xan fait boire par inadvertance la lune au bébé recueilli qui devient donc une enfant magique. Elle est contrainte de la garder au grand désarroi de son ami le monstre des marais grincheux, mais au grand bonheur de son dragon de compagnie. Luna, l’enfant magique, évoluera donc au sein de cet univers particulier, tandis qu’au Protectorat les mystères se multiplient… Qui est donc la véritable méchante sorcière de l’histoire ?

Ce roman de Kelly Barnhill, recommandé par les sites Livres ouverts, Ricochet et Sentiers littéraires, en plus d’être récipiendaire de la médaille John Newbery 2017, transporte les lecteurs dans un univers magique, unique et trépidant. L’œuvre est donc véritablement intéressante du point de vue des idées. En effet, grâce à la mise en scène d’un univers parfaitement équilibré entre un monde humain réaliste et une magie constamment présente, à l’intrigue finement ficelée qui est le point fort de l’œuvre et à la richesse des personnages, ce récit nous transporte pour nous donner qu’une seule envie : tourner les pages pour plonger dans cette aventure.

Le système des personnages est sans aucun doute un atout pour cette œuvre. En effet, les personnages qui habitent cet univers sont colorés et complexes, permettant aux lecteurs de suivre leur évolution et leur épanouissement tout au long du récit. Par exemple, les lecteurs auront certainement beaucoup de plaisir à constater l’évolution du personnage d’Antain, qui de jeune garçon trop curieux devient un homme balafré qui prendra des moyens pour protéger les siens. De plus, des personnages types de la littérature fantastique sont présents, mais l’auteure réussit à leur donner une dimension différente et intrigante. Par exemple, Xan est une gentille sorcière et Fyrian un dragon minuscule et adorable. Bref, la richesse des personnages amènera certainement les élèves à avoir de la difficulté à les quitter au terme de cette quête, car le narrateur omniprésent nous permet d’avoir un aperçu de leurs différents points de vue.

L’intrigue est d’une grande profondeur et elle surprend les lecteurs jusqu’à la toute fin. L’auteure réussit à garder le mystère entourant la véritable méchante sorcière jusqu’aux toutes dernières pages pour une finale percutante, même si elle laisse quelques indices que pourraient saisir les lecteurs les plus habiles avec les inférences. Elle amène aussi tranquillement les lecteurs à comprendre les liens qui existent entre les différents personnages et événements en enchâssant plusieurs récits et en faisant garder le silence à la véritable méchante sorcière sur son identité et ses intentions.

Le choix des mots et la voix de l’auteure sont tout simplement d’une beauté sans équivoque. Elle intègre de courts poèmes grâce à Glerk, le monstre des marais friand de littérature, et des passages émouvants et évocateurs. « Et au fond de son âme, la démente sentit vibrer des milliers d’oiseaux, en papier ou à plumes. Elle sentit leurs cœurs et leurs esprits bondir dans le ciel et s’élancer en direction des arbres rêveurs ». Son écriture est très imagée, ce qui donne la chance aux lecteurs d’apprendre du vocabulaire riche et de se familiariser avec la beauté de la musicalité des mots.

Finalement, grâce à tous ces éléments, l’œuvre est propice à être utilisée en classe par de nombreuses façons. Des projets d’écriture peuvent être réalisés, que ce soit pour

  • découvrir le genre fantastique;
  • écrire un texte mettant en scène l’un des personnages du récit,
  • écrire un texte se déroulant dans l’univers de Kelly Barnhill;
  • remplir son carnet de lecture chaque semaine ;
  • ou rédiger de la poésie à la manière du personnage Glerk.

Il est intéressant également de discuter des nouveaux mots que les élèves vont apprendre en lisant cette œuvre qui les exposera à du vocabulaire magnifique. Il est également possible d’intégrer des matières comme l’éthique, si on discute avec les élèves du questionnement d’Antain, ou les sciences pour aborder la lune et les étoiles. Cette œuvre devrait irrévocablement être proposée aux élèves dans les classes du primaire.

Maude Baribeault, collaboratrice spéciale

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