Par Julien Leclerc

Une chose étrange et gentille (et invisible) dans mon garde-robe… en lisant ces mots, on pourrait croire qu’il s’agit du début d’une histoire fantastique racontée par un de nos élèves ayant une imagination très fertile. Mais non! Il s’agit des deux nouveaux titres parus à la rentrée dans la collection poésie de La courte échelle: Une chose étrange et gentille (et invisible) par Vincent Lambert et Dans mon garde-rode d’Aimée Verret.

Mireille Levert, grande poétesse québécoise disait:

La poésie
c’est avoir des yeux
dans le trou des yeux
dans la paume des mains
au bout des doigts
sur le ventre

Mais surtout
Dans le coeur…

C’est un peu ce que les différents titres offerts à la Courte échelle offrent à nos grands lecteurs, un espace pour réfléchir, se comprendre, ouvrir leurs esprits, à «regarder au-delà de ce qu’ils voient». Dans Une chose étrange et gentille (et invisible), Vincent Lambert nous dresse le portrait d’un jeune garçon ténébreux, en quête d’identité, aux frontières de l’adolescence: le moment où tous se questionnent sur sa place, sur ce qu’on peut apporter à ce monde qui évolue à la vitesse grand V. Le lecteur rencontrera la tourmente du quidam, ses démons intérieurs et évoluera en même temps que le protagoniste dans cette confrontation entre son yin et son yang:

j’ignore comment ça m’est venu

jamais je n’avais pensé
écrire dans une vitre

mais j’avais un crayon de feutre
et une belle grande fenêtre
et des mots difficiles à dire
à voix haute

les affaires sensibles
du silence

et comme ça j’ai continué
de faire mes devoirs
de jour à la défense
de répondre à mon nom
tout en sentant
grandir en moi
une chose étrange
et gentille

(et invisible)

Dans la même veine que Vincent Lambert, Aimée Verret nous propose une poésie mettant de l’avant le point tournant entre l’enfance et l’adolescence d’un personnage féminin. En lisant les 64 pages de cette oeuvre, j’ai vu défilé plusieurs de mes élèves du 3e cycle que j’ai côtoyés durant mes dernières années d’enseignement: de jeunes filles, plus ou moins à l’aise dans leur corps métamorphosé, ne sachant plus si elles doivent jouer à la corde à danser ou faire des chorégraphies TikTok, bousculées par les changements hormonaux, se questionnant sur ce qu’est réellement l’amitié. Ledit garde-robe agit comme repère confortable, synonyme d’enfance et d’insouciance pour tout enfant qui se voit vieillir trop vite entre l’arrivée des soutiens-gorges et les questions existentielles:

Et là on me demande
ce que je veux pour ma fête?

Qui va déballer le cadeau?

Une petite fille
qui aime les toutous de chat
et les chansons de Disney?

Une ado
qui met du rouge à lèvres
pour la première fois?

comme dit ma mère
Une jeune femme
qui aura bientôt
un permis de conduire
un appartement
un métier
et qui se cache en espérant trouver

les pièces qui lui manquent?

Les mots d’Aimée Verret viendront réconforter vos jeunes préados avant leur entrée au secondaire, j’en suis certain. De mon humble avis, ce titre est peut-être plus accessible que le dernier, mais les deux demeurent très complémentaires dans le développement identitaire et de la compréhension de soi. Ceci étant dit, il s’agit de deux nouveautés qui méritent grandement leur place dans votre petit (ou grand) panier «poésie» situé sur une tablette de votre bibliothèque de classe. Et si vous souhaitez ajouter des oeuvres pour pousser vos discussions encore plus loin avec vos lecteurs, Émilie nous proposait Perruche et Peigner le feu (offert dans la même collection) dans un précédent article.

Pour consulter le feuillet pédagogique offert par La Courte Échelle, vous pouvez cliquer sur l’image si dessous!

Bonne lecture!


Pour vous procurer les livres dont il est fait mention dans l’article…