Par Benita Kanozayire et Amélie Ponton


On poursuit la série « Qu’est-ce que c’est » édition grammaire avec un tout nouveau dispositif axé sur l’énonciation.  Dans le modèle d’Isabelle Montésinos-Gelet sur les composantes de l’écriture (2013), l’énonciation est la manière choisie pour formuler ses idées en mots.  L’élève doit alors faire des choix syntaxiques, lexicaux et verbaux.  Nous pouvons assurément dire que travailler l’énonciation développe en même temps la voix, le style de nos auteurs.

Le DICTOGLOSS devient un dispositif incontournable pour travailler cette composante.

Le dictogloss, c’est quoi?

C’est un dispositif visant à travailler la syntaxe à partir d’un court texte dicté aux élèves. Développé originalement par Ruth Wajnryb en 1990, le dictogloss se voulait une façon de faire de la grammaire autrement. C’est lors d’une formation donnée au Centre de diffusion et de formation en didactique du français (CDFDF) par Joel Thibeault et Claude Quévillon-Lacasse au printemps 2022 que nous sommes tombées sous le charme et l’avons dès lors testé auprès d’élèves de la 4e à la 6e année.

Les intentions pédagogiques sont les suivantes :

  • travailler les stratégies d’écoute et de retranscription à l’aide de prise de notes
  • S’appuyer sur ses connaissances antérieures, grammaticales surtout, mais parfois au-delà
  • S’exercer à former des phrases bien construites sur le plan grammatical à partir de mots-clés

Le dictogloss, on l’enseigne quand?

C’est en forgeant qu’on devient forgeron, n’est-ce pas? Eh bien, comme avec les dictées métacognitives, à force de s’exercer, on devient un.e fin.e analyste de la langue écrite. Un dictogloss 1 à 2 fois par mois serait suffisant à notre avis, à raison d’une période d’environ 25 à 35 minutes chez des élèves de 2e et 3e cycle.

Le dictogloss, on commence par quoi? 

D’abord, il faut choisir un extrait d’une œuvre, libre à vous de choisir un texte courant ou littéraire. Ce dernier doit être d’environ 2 à 4 phrases et le vocabulaire doit être relativement accessible aux élèves, afin qu’iels puissent en tirer du sens lors de la réécriture. Idéalement, vous choisissez selon le type de texte travaillé selon votre planification. De cette façon, vous pouvez, en amont, faire des prédictions sur le texte ou le sujet, partir de leurs conceptions initiales, observer certains mots de vocabulaire, etc.

Le dictogloss, on l’enseigne comment ?

Voici comment se vit la séquence:

1- l’enseignante lit le texte 2 fois, à débit normal, comme vous pouvez l’entendre dans l’extrait ici:

Nous avons choisi les mots puissants de Samuel Larochelle tirés de l’album Le plus petit sauveur du monde*, un album aussi bouleversant que lumineux sur l’écoanxiété  subliment illustré par Eve Patenaude aux éditions XYZ.

2- les élèves ont entre les mains un crayon et un petit papier, voire un papillon adhésif de format 3×3 idéalement. Pourquoi? Afin de prendre en note uniquement des mots-clés.

 

** Attention! Les premières fois, les enfants auront tendance à vouloir tout noter, il se peut même qu’iels se sentent un peu anxieux par l’exercice, surtout en réalisant qu’on ne répète pas plus de 2 fois. Rassurez les en leur rappelant que l’objectif n’est pas d’écrire tous les mots, mais de cibler l’essentiel. Encore mieux, prendre en note des mots différents lors de la 1re et la seconde lecture**

3- en dyade, les élèves observent les mots-clés notés et tentent de recréer le court texte en changeant la structure comme bon leur semble. Ce qui importe ici: c’est que l’idée principale demeure compréhensible et que les phrases soient bien structurées. On peut imposer une contrainte grammaticale si on le souhaite mais ce n’est pas vital, surtout lorsqu’on commence.

 

4- C’est vraiment ici que la magie opère. On partage en grand groupe et on analyse ensemble en misant sur les réflexions de grammairien.nes et d’auteur.ice, essentiellement. Est-ce leur texte doit absolument se rapprocher du texte original? Pas nécessairement. Un extrait tiré d’un atlas a déjà inspiré une élève de 5e à composer ce texte à la fois poétique, quasi éditorial!

« Protéger la nature est un
besoin primordial pour les
humains.
Sans arbre, plante, eau puis
animaux, nous ne pourrions
vivre.
Pour les animaux, cela devient
de plus en plus dur car les
humains gaspillent, polluent et
ça se retrouvent sur le territoire
des animaux.
Il leur manque de ressources.
Si nous ne les aidons pas, ils
s’éteindront, puis nous les
suivrons. »

Récemment, le dictogloss a été fait à partir du résumé l’album documentaire De petite à grande Rosa Parks, cette collection chouchou de la courte échelle. Cela nous a donné l’occasion de discuter des choix des membres de l’équipe, de la raison pour laquelle un synonyme a été utilisé; ceux-ci souhaitaient éviter la répétition. D’autres ont préféré utiliser des termes génériques afin de préserver un certain mystère, puisque la 4 de couverture sert à donner envie de découvrir le personnage historique.

Ce n’est qu’à toute fin que l’on dévoile le texte original et qu’on s’amuse à comparer. Bien évidemment, le tout se conclut avec la lecture du roman ou de l’album.

En résumé, le dictogloss…

Avez un extrait d’une oeuvre WOW en tête pour votre premier ou prochain DICTOGLOSS?

*extrait audio partagé avec l’accord de l’auteur et la déclaration Copibec afin d’octroyer les redevances qui lui sont dues.


Pour vous procurer l’album dont il est question dans cet article, c’est ici: