Par Annie Gravel


Saviez-vous que le 20 novembre a été déclaré comme la Journée nationale de l’enfant afin de promouvoir et célébrer les droits des enfants? En effet, c’est ce jour précis en 1989 que fut adoptée la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant par l’Organisation des Nations Unies. Depuis des années, je m’engage à parler de cette journée avec les élèves. J’ai d’ailleurs créé un immense réseau littéraire il y a plusieurs années afin de travailler les 4 dimensions de la lecture sous le thème des droits des enfants.

Avec la situation mondiale actuelle, je me suis particulièrement intéressée à la crise des enfants migrants et réfugiés. Voici donc une planification détaillée pour explorer ce thème avec vos élèves.

Amorce

Pour amorcer le sujet, choisissez des œuvres sur le thème et remettez-en une à chaque élève. Laissez-les explorer et feuilleter leur livre puis donnez la consigne de créer un domino littéraire. N’oubliez pas : les élèves sont maitres de l’activité, laissez-les trouver des liens qui unissent chacune des œuvres. Des discussions littéraires émaneront par elles-mêmes, que ce soit en lien avec le sujet, les maisons d’édition communes, les pages couvertures, etc.

Par la suite, je recommande la lecture de l’œuvre L’arrivée des Capybaras – cet album de Alfred Soderguit qui générera de belles discussions avec vos élèves et donnera le ton aux prochaines activités. Vos élèves pourront ainsi avoir une œuvre commune afin d’enrichir leurs discussions de groupe.

Les capybaras étaient nombreux. Ils étaient poilus. Ils étaient mouillés. Ils étaient trop gros. Il n’y avait pas de place pour eux.

Cercles de lecture

Pour ce thème, j’ai choisi de monter 4 cercles de lecture portant sur une dimension chacune. En équipe de 4, les élèves lisaient l’œuvre et discutaient de celle-ci. Après un échange spontané, les élèves répondaient à une question dans leur carnet de lecture. Cela permettait d’avoir des traces des échanges et de leurs réflexions.

Dimension : Compréhension

La nuit aimerait être plus paisible. La lumière plus vive. Le rêve plus long. L’horloge plus lente… Une petite fille commence un long voyage qui changera sa vie. Sous d’immenses chaleurs, au milieu de mers agitées et face à une détermination qui s’épuise, le parcours est tout sauf facile. Les émotions sont intenses, mais l’espoir d’une vie meilleure est bien là… Cet album magnifique, rempli d’illustrations émouvantes, parle des peurs, de la perte et de la force nécessaire pour faire face à l’adversité. Une invitation à accompagner des réfugiés vietnamiens au cours de leur voyage périlleux.

Cet album est en tous points magnifique, en particulier grâce à sa structure répétitive. En effet, l’autrice répète la même structure de phrase à chaque page. Ainsi, l’autrice donne vie à des objets (tels que la valise, le bateau, etc.) ou encore à des éléments (la nuit, le temps, etc.) dans le but de montrer tous les obstacles hors de leur contrôle que vivent les réfugiés en situation d’urgence. Chaque double page accompagne merveilleusement bien la phrase et il sera fort intéressant de les faire analyser par les élèves. Comme le texte et l’illustration n’en disent pas beaucoup, la compréhension implicite sera fortement travaillée pour en arriver à une compréhension générale de l’œuvre.

Dimension : Interprétation

Amina se réveille en sursaut.

Il y a beaucoup de bruit au dehors,

des sifflements, des coups de tonnerre, des cris. Des éclairs illuminent sa fenêtre et une odeur de poussière emplit son nez.

Elle a peur et serre contre elle son ourson bleu, celui qui l’accompagne partout depuis qu’elle est toute petite.

Il s’appelle KISSOU.

Ainsi commence le long voyage…

Ici, tout nous semble parfait. Du texte précis de l’auteure aux illustrations dépouillées de l’illustrateur. L’empathie et l’humanité sont au rendez-vous.

Cet album fera certainement réagir les élèves avec cette fin inattendue. En effet, les lecteurs s’attacheront à l’ourson en peluche au fil de leur lecture. La perte du toutou dans la mer entrainera certainement une tristesse chez eux. Toutefois, la fin est également porteuse d’espoir comme Kissou se retrouve dans les bras d’un autre enfant. Ce texte résistant sera donc idéal pour faire émerger différentes interprétations pour cette fin. En discutant à deux, les élèves seront amenés à défendre leur interprétation personnelle en s’appuyant sur les extraits du texte tout en la nuançant à la suite de cet échange.

Dimension : Réagir

C’est un jour comme les autres, et voilà que la guerre vient faire de ta ville un champ de ruines. Peux-tu imaginer cela ? Tu aurais tout perdu, tu serais tout seul, et après un long voyage plein de dangers, tu ne serais nulle part le bienvenu. Alors un enfant te ferait un cadeau – modeste, mais infiniment précieux. Imagine…

Personnellement, j’ai moi-même été tellement choquée d’apprendre que cette histoire était inspirée de faits vécus au Royaume-Uni. Je sais déjà que les élèves ressentiront beaucoup d’émotions au courant de leur lecture. Passant par la surprise, la tristesse, la colère et l’indignation, cet album est tout à fait indiqué pour faire réagir les élèves. Comme les personnages sont des enfants, il sera plus facile pour eux de s’identifier à eux et de se référer à leurs connaissances et leurs expériences.

Dimension : Appréciation

Marwan et Tarek fuient leur pays en guerre. À bord d’un bateau surchargé, les deux frères affrontent l’inconnu et le danger. En compagnie d’autres sans-pays, les garçons cherchent une terre d’adoption. Mais partout on les repousse, on les ignore ou on les craint. Où trouver un pays pour vivre en paix, aux côtés de gens accueillants ? Dans quel port ? Sur quelle île ? Dans quels cœurs ?

Cet album s’apprête bien à la comparaison entre deux œuvres. En effet, on ressent le même dédain et dégoût vis-à-vis l’arrivée d’étrangers dans cet album que dans L’arrivée des Capybaras. Ce discours haineux et le manque d’ouverture quant aux réfugiés est le thème central des deux œuvres. Ainsi, les élèves seront amenés à constater les ressemblances et les différences entre les deux œuvres tout en choisissant leur préférée en justifiant pourquoi selon les forces de celle-ci.

Pour télécharger la documentation en lien avec ces cercles de lecture, cliquez sur l’image ci-dessous.

Conclusion

Pour conclure ce thème, je recommande fortement la lecture feuilleton de Seuls de Paul Tom et illustré par Mélanie Baillairgé. Il s’agit d’une œuvre absolument exceptionnelle, poignante et déchirante à la fois. On peut retrouver le documentaire duquel fut inspiré le roman sur TéléQuébec juste ici.

Plusieurs balados de La puce à l’oreille sont également disponibles sur le thème des réfugiés.


Pour se procurer l’un des titres dont il fait mention dans l’article: