Par Benita Kanozayire


Quel type d’enseignante êtes-vous? Celle qui ne réinvente pas la roue ou celle qui se réinvente chaque année? Personnellement, je suis un mélange des deux, bien que j’aie un penchant pour le renouveau. J’ai beau essayer 1001 choses d’une année à l’autre, il y a cependant des incontournables dans ma classe. Parmi ceux-ci:

  • la lecture feuilleton du royaume de Kensuké
  •  le carnet de lecture.

Ça fait d’ailleurs 5 ans qu’on vous en a parlé ici . La planification existe, elle est plus que complète, clé en main, alouette. L’envie de me renouveler se faisait quand même sentir.  Je vois tellement d’activités innovantes depuis quelques temps que j’ai eu envie de pimper ma lecture collective en me rapprochant des pratiques probantes et de tâches authentiques. Dans l’espoir d’intégrer tranquillement les ateliers de lecture formels dans mon enseignement, j’ai entrepris quelques pas qui rappellent notamment ceux des mini-leçons réfléchies par l’équipe du Teacher’s College.

Le plus possible, ce sont ces questions qui guident mes intentions pédagogiques:

Que font les grands lecteurs?

Comment réfléchissent-ils autour d’une œuvre commune?

De quoi sont faits les échanges? Comment les pousser plus loin? 

Voici donc, bien humblement, des mini-leçons 2.0, telles qu’expérimentées avec mes élèves de 5e année et un de mes romans favoris.

Mini-leçon : se faire une image mentale 

Lors des 2 premiers chapitres, la famille de Michael élaborent leur itinéraire du tour du monde en voilier. Ces derniers peuvent être difficiles à suivre si on n’a pas de connaissance de la géographie du Royaume Uni. La planification initiale de Lucie prévoyait de situer sur une carte du monde les endroits visités par la Peggy Sue. Avec la technologie, il est maintenant possible de vivre la trajectoire en temps réel sur le site ou l’application de Google Earth; merci à Marie-Ève du compte Instagram @lacraiedusucces pour l’idée. Cliquez sur la photo pour y accéder.

Mini-leçon: résumer à partir des désirs du personnage

Avez-vous déjà demandé à vos élèves de résumer une histoire? On s’entend que ça peut vite partir dans toutes les directions. La stratégie doit être enseignée et exercée à l’oral abondamment avant de pouvoir se faire avec aisance, pertinence et en ciblant l’essentiel. Pour ce faire, Le grand livre  des stratégies de lecture  propose de résumer en 5 points à partir des désirs du personnages. Je l’ai testé pour faire les retours avant de poursuivre la lecture feuilleton.

C’était vraiment impressionnant de les entendre échanger et placer les évènements du chapitre précédent en ayant tous et toutes la même ligne directrice. Mon espoir: qu’ils transfèrent cette stratégie suite à leurs lectures durant leurs partages littéraires. 

 

Mini-leçon: prendre des notes pour enrichir nos échanges

Vous souvenez-vous de l’article de Catherine sur la  prise de notes? Elle parlait de son expérience avec ses élèves de 2e année. Je me suis dit que si ses choux sont capables, les miens aussi. J’ai donc repris ses conseils pas à pas et j’ai modélisé un atelier de lecture basé sur l’image ci-dessous, à ma façon #paspinterest. L’essentiel  y est : les élèves s’y réfèrent et certains ont gardé cette habitude après coup.

 

Mini-leçon: l’électrocardiogramme des émotions

Les 3 derniers chapitres du roman, c’est une véritable montagne russe émotionnelle, tant pour Michael que pour Kensuké. Comment passer à une description plus approfondie que la question classique de réaction ? On peut alors réinventer la roue, mais pas à 100%. Ici, j’ai été inspirée par différents partages vus sur la page Facebook des ateliers d’écriture, sans oublier l’article d’Émilie ici même sur le blogue.

Avec les élèves, nous avons effectué l’électrocardiogramme durant la lecture du 8e chapitre tous ensemble. Nous avons relevé les moments où Kensuké étaient le plus heureux VS le plus malheureux, en appuyant nos réponses à l’aide d’extraits du texte. Au chapitre suivant, les élèves devaient le faire en sous-groupe de 3 ou 4 lecteurs; on pouvait ensuite comparer le degré d’intensité selon les différentes perspectives, toujours en prouvant à l’aide du récit.

 

 

 

 

 

 

 


Et après, on fait quoi?

Mon rêve pédagogique:  que mes élèves réinvestissent ces stratégies spontanément lors de leurs partages avec leurs partenaires. Utopique? Peut-être. Je me dis que je vais continuer de modéliser de façon moins formelle, mais en continue afin qu’on se rappelle du pourquoi on fait ça, c’est-à-dire, reproduire des comportements de lecteurs compétents. L’étape suivante: réessayer lors de futurs clubs de lecture où les élèves lisent des romans de leurs choix. Encore une fois, je précise: ce sera la première fois que je procède ainsi, en dehors de la boîte, sans véritable idée d’où ça me mènera. On verra!

Et vous, quel classique avez-vous envie de revisiter? Oserez-vous revamper votre enseignement stratégique?


Pour vous procurer le roman dont il est fait mention dans cet article :