Par Rachel Cournoyer


La peur des araignées, la peur du noir, la peur de l’échec, la peur du vide…Ces peurs plus  »communes » sont vécues pas plusieurs personnes au cours d’une vie. Qu’en est-il des peurs moins fréquentes, dont on entend parler moins souvent, comme la peur de l’inconnu, la peur de la liberté, la peur de perdre ce qu’on aime, la peur des mots…

Sont-elles valables au même titre que les autres? 

Une question opportune à poser aux élèves avant d’amorcer la lecture, tout comme le titre du merveilleux album: Dis-moi pourquoi on a peur, écrit par l’auteur espagnol Fran Pintadera et illustré par Ana Sender.

Un soir de tonnerre, Max demande à son père:

-Papa, as-tu déjà eu peur?

Sa réponse est vraiment belle et porte à réflexion.

-Oui, Max, répond-il enfin. Tout le monde ressent de la peur à un moment ou à un autre. Même si cette peur est toute petite ou qu’elle est causée par notre imagination, elle peut envahir le moindre recoin de notre être.

Dis-moi pourquoi on a peur, p. 3-4. Extrait publié en accord avec l’éditeur

 

 

 

 

 

Je ferais un retour avec mes élèves sur les questions posées avant la lecture.

Que penses-tu de sa réponse? Es-tu en accord avec ce qu’il dit? Pourquoi?

Avez-vous remarqué  les coquilles d’oeuf noires qui se retrouvent sur la page? Celles-ci reviennent tout au long de l’album et elles symbolisent la peur, imagée chaque fois d’une nouvelle perspective. Une belle quête de sens à construire avec les élèves! Comme quoi les illustrations ont parfois un énorme impact sur notre compréhension de l’oeuvre.

 

 

 

 

Réagir de façon authentique à nos lectures

La peur, ce sentiment qu’on craint, mais qu’on aime à la fois ressentir (on a déjà hâte aux maisons hantées d’Halloween), nous unit tous les uns les autres. Chaque double plage de l’album nous présente de façon poétique une peur qu’un humain peut vivre, un jour où l’autre. La beauté de cette oeuvre réside dans le fait que chacun peut s’y reconnaitre.

Voici comment je m’y prendrai pour travailler la dimension RÉAGIR avec mes élèves.

Favoriser la métacognition en faisant prendre conscience aux élèves qu’ils sont en train de réagir.

Avant la lecture, je leur demande c’est quoi, pour eux, réagir? Je note leurs réponses et les informe que j’ai précisément choisi cette lecture parce qu’elle fait réagir. Après la lecture, nous prenons le temps de remarquer ensemble ce que l’on fait lorsque l’on réagit à la lecture.

Je réagis de façon authentique quand:

-Je vis une émotion, quelle qu’elle soit, pendant ta lecture.

-Je m’identifies à un personnage ou à une situation vécue, parce que j’ai moi-même vécu cela,

-Je suis empathique envers un personnage qui vit une situation, même si je ne l’ai pas vécue.

-Je fais des liens entre mes valeurs, mes goûts, ma personnalité et celles des personnages du livre.

-Je suis en désaccord avec la façon dont l’auteur a écrit une scène, ou lorsque je vis une déception quand je lis la fin d’une histoire.

Comprendre la différence entre réagir de façon authentique et réagir à des oeuvres lues en répondant à des questions.

Notre collègue Amélie Ponton explique très bien dans cet article la différence entre les deux. On veut que nos élèves développent leur capacité à réagir, tout simplement. Après, on peut mieux les outiller pour qu’ils développent leurs réflexions autour de ces réactions.

Mieux comprendre, pour mieux réagir

Réagir à un texte implique que l’on comprend ce qu’on lit.  Les peurs décrites par Fran Pintadera peuvent avoir plusieurs sens, plusieurs interprétations possibles.

 

 

 

Que comprends tu de ce passage? Qu’est-ce que ça veut dire selon toi?

Un élève m’a répondu: Je pense que ca veut dire qu’on a peur des changements. Je le sais car moi  j’ai souvent peur du changement.

En décortiquant ce que l’auteur a voulu dire, les élèves ont davantage accès au sens et peuvent faire des liens avec leur propre vécu plus aisément.

À la fin du livre, on retrouve une double page de style documentaire, qui aborde les peur innées et acquises, l’utilité de la peur, les masques de la peur et notre attirance envers la peur. Les informations sont fort intéressantes et prémisses à de superbes discussions en classe.

Avec quelle oeuvre ferez-vous réagir vos élèves au mois d’octobre?


Pour vous procurer l’album dont il est fait mention dans l’article: