Par Benita Kanozayire


Bien que j’en suis à un peu plus de 10 ans d’enseignement, j’ai un vif souvenir d’avoir été impressionnée par le nombre de possibilités liées à l’enseignement avec la littérature jeunesse dès mon premier contrat, en 2011. Emballée, mais un brin submergée. Ma grande passion à l’époque? Dénicher un album poignant aux illustrations fabuleuses qui me permettait de faire développer les compétences en lecture, en écriture et parfois plus autour de vrais livres De vivre et revivre l’œuvre avec mes élèves pour s’imprégner de l’univers d’un.e auteur.ice ou d’un.e illustrateur.ice.

Mon grand vertige? Savoir quoi poser comme questions, de quelle façon, à quelle fréquence, etc. Si seulement, à l’époque, j’avais eu la chance de tomber sur un référentiel comme celui bâti par Caroline (voir l’article de dimanche dernier), ne serait-ce que pour faire des choix plus judicieux.

Autres questionnements ou besoins qui semblent persister chez les nouvelles enseignantes et nouveaux enseignants:

Comment bien distinguer les 4 dimensions en lecture?

Comment équilibrer et varier le type de questions à poser aux élèves? 

Étant très fan des outils visuels qui nous fournissent l’essentiel en un coup d’œil, j’ai voulu, bien humblement, en bâtir un de mon cru. Avant de vous fournir un référentiel, permettez-moi certaines réflexions et quelques rappels amicaux.

L’équilibre

1- Lucie vous en a parlé amplement dans son article sur l’évaluation, Julie a renchéri dernièrement dans son billet disponible ici : l’importance d’équilibrer les 4 dimensions afin que nos élèves ne soient pas uniquement des lecteurs scolaires, mais des lecteurs pour la vie. Les questionnaires provenant des épreuves obligatoires de fin de cycle préconisent surtout les questions de type compréhension? D’accord. Assurons-nous alors que, dans nos observations, nos discussions et nos traces de tout ordre, nous prenons également le temps d’enseigner comment interpréter, réagir et exercer un jugement critique et ce, au même titre que de les amener à comprendre avec profondeur les textes lus. Et ce,  dès le jeune âge. Par exemple, même si l’interprétation s’évalue uniquement au 3e cycle, les élèves doivent être confrontés à des questionnements de toute sorte afin d’évoluer et d’ouvrir leurs horizons. Même les plus petits peuvent y arriver à leur mesure.

Les situations authentiques

2-  Dans un monde idéal, on travaille avec de VRAIS livres, beaucoup de livres. Profs de 4e et de 6e, j’entends la petite voix intérieure qui vous murmure « oui, mais aux examens du ministère, _____ » . J’ai la même voix qui se pointe toujours au printemps, croyez-moi, mais j’essaie de la faire taire. Ces épreuves obligatoires, tels de grands épouvantails, nous laissent penser qu’il est essentiel de s’exercer avec des compréhensions papier-crayon afin de les préparer. L’exposition et la pratique feront leur œuvre, faites-nous confiance. Les questionnaires classiques deviendront accessoires , voire désuets, car vos élèves sauront véritablement lire des textes variés, car ils auront vécu des expériences de lecteur.ices authentiques. 

 

Les échanges à l’oral

3 – Lire est un acte social. On n’arrête pas de répéter la même rengaine, mais on ne peut s’en empêcher! On ne le dira jamais assez: il faut travailler beaucoup, souvent, majoritairement à l’oral et avec des partenaires. Les échanges collectifs  sont essentiels avant de véritablement voir des élèves aptes à comprendre, réagir, interpréter et à apprécier des œuvres avec profondeur. Si on entretient des attentes de réponses élevées à l’écrit, sans être passé.es par les discussions tirées de dispositifs (telle la lecture feuilleton, la lecture interactive ou la lecture en duo), fort est à parier que vous aurez l’impression que vos élèves ne sont pas « capables de fournir des réponses riches à l’écrit ». Je suis la première à sourciller devant des réponses parfois peu développées. Cela ne signifie pas qu’iels n’en sont pas capables; peut-être ont-ils simplement manqué d’occasions de vivre des occasions de partages près des expériences véritables de lecteur.ices.

La construction d’outils POUR et AVEC les élèves

4- Êtes-vous aussi accro que nous aux tableaux d’ancrage? Avez-vous tendance à mettre plus de temps sur l’apparence finale de celui afin qu’il soit instagrammable? J’avoue que ça m’arrive encore, mais de moins en moins. D’abord, car c’est un outil POUR l’élève, en premier lieu. C’est d’autant plus important de construire les tableaux d’ancrage AVEC les élèves; si vous étiez à la formation d’Alexandra lors de la dernière journée ELJ, vous avez pu constater à quel point ces outils sont puissants et signifiants. Dorénavant, même si des tableaux sont disponibles en ligne, même si des banques de questions existent, je préfère construire le tout en me fiant au langage que l’on utilise en classe, aux référents que nous possédons, mais surtout, aux besoins de mes élèves. Mon astuce? Je fais un brouillon et indique les grandes lignes, je prépare quelques papillons, mais sans plus.

Ci-dessus, vous avez un exemple d’un tableau sur la compréhension des inférences, car je souhaitais y revenir de façon plus pointue et m’assurer que mes lecteur.ices soient en mesure de justifier avec précision les éléments implicites dégagés. Autre intention pédagogique ? Faire en sorte qu’ils puissent se référer aux tableaux lorsqu’est venu le temps de laisser une trace dans leur carnet de lecture.


Le référentiel partagé  est donc un document destiné à démystifier les 4 dimensions et à vous guider dans vos choix de dispositifs afin de développer l’une versus l’autre, essentiellement. Pour y accéder, cliquez ici: Référentiel ELJ 4 dimensions